Hier à la Chambre des représentants, la condition de la femme et les violences conjugales étaient au cœur de la séance mensuelle des questions de politiques générales. Un sujet sur lequel le gouvernement n’est guère à l’aise, la présence d’une seule ministre en est bien la cause. Associations, partis politiques, y compris de la majorité, sont tous unanimes pour décrier cette injustice, contraire à l’article 19 de la constitution qui appelle l’État marocain à œuvrer «à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination.» Une instance qui attend, encore, de voir le jour.
Parfaitement conscient que son équipe n’a rien entrepris, jusqu’à présent, pour améliorer les conditions de la femme, Abdelilah Benkirane a commencé par lire une réponse écrite au cours de laquelle, il a effectué un voyage dans le temps, faisant d’abord une escale en 2004 pour parler de l’adoption d’un nouveau code de la famille puis en 2007, l’année qui a connu la réforme autorisant la femme marocaine à octroyer sa nationalité à ses enfants de père étranger.
Quant à l’avenir, le chef de l’exécutif a été contraint encore une fois de puiser dans la déclaration de son gouvernement, de janvier 2012, afin de réitérer que son équipe s’est engagée, durant son mandat, à prendre 17 mesures d’appui à l’égalité entre les hommes et les femmes. Benkirane a rappelé le plan d’action «Ikram» lancé par le département de Bassima Hakkaoui. Un projet qui a fait table rase de toutes les actions entreprises par les gouvernements précédents.
Benkirane contre son ministre de l’Education nationale
Une fois éloigné des réponses que ses conseillers lui ont préparées, Benkirane commence par déraper. Florilège. Sur la présence d’une seule femme dans son gouvernement, il renvoie la balle aux partis politiques qui ne lui ont pas présenté des candidates.
Sur la parité, il rappelle aux députées que si elles sont au parlement c’est grâce à la liste nationale (60 sièges), soulignant que sur 335 élus, issus des listes locales, seules figurent 7 femmes. Et de lancer aux députées «la promotion des droits des femmes doit se faire graduellement». Une opération qui, selon lui, «requiert discernement et maturité» afin de préserver l'union de la famille marocaine.
Interpellé sur l’absence de nouvelles femmes dans la liste des walis et gouverneurs, Benkirane a brandi la carte du manque de profils féminin adéquat pour exercer ce genre de fonctions. Et il a avancé le même argument pour l’absence totale de femmes consuls nommées par le département des Affaires étrangères. Des réponses n’ont pas convaincu les députées.
Saisissant une intervention d’une députée du PAM sur les conditions des jeunes femmes enseignantes affectées dans des régions lointaines, Benkirane a enjoint son ministre de l’Education nationale, l’istiqlalien Mohamed El Ouafa, de mettre un terme à ces nominations. Et de l’appeler à appliquer le principe de la discrimination positive.