Des terres sous la tutelle du ministère des Habous et des Affaires islamiques et de la Haute-délégation des eaux et des forêts réservées à la culture du cannabis. C’est le pavé que vient de jeter à la marre un parlementaire du PAM, mardi en plein examen du budget du département de l’Intérieur par une commission à la Chambre des conseillers.
Larbi Mehrachi, une des figures montantes du groupe PAM, du moins médiatiquement, a soutenu que l’argent générée par la location de ces terres servirait à payer les imams et les prêcheurs du vendredi. S’adressant directement au ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser, le conseiller a révélé qu’il a envoyé, à cet égard, une lettre au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, sollicitant davantage d’éclaircissements sur cette affaire et surtout son intervention, en vain. La réponse de Benkirane, jusqu’à présent se laisse désirer.
«38 000 agriculteurs recherchés par la gendarmerie»
Larbi Mehrachi, estime que les agriculteurs de cannabis sont les grands perdants dans cette équation, soulignant qu’ils sont 38 000 sous la coupe de mandats d’arrêt émis par la gendarmerie royale. En revanche, poursuit-il, les barons de drogue, grands bénéficiaires de cette activité illicite, sont à l’abri des tracasseries judiciaires.
Dans son réquisitoire contre la politique d’éradication de la culture du cannabis dans les régions du nord et du nord -ouest, le conseiller du PAM s'est inscrit en faux contre la version du gouvernement faisant l’apologie de la baisse de 60% du nombre de terres dédiées à la culture, soulignant qu’elle est en nette progression et qu’elle commencerait à atteindre même l’ouest, comme à Had Kourt, un village situé à une dizaine de kilomètres de Sidi Kacem.
Dans son dernier rapport, publié en juin dernier, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime mentionnait que 47 500 hectares sont réservés à la culture du cannabis au Maroc. En 2003, ils s'élevaient à 134 000 he. Des chiffres qui peuvent être remis en question à n’importe quel moment, sachant qu'ils proviennent du ministère marocain de l’intérieur et non du résultat d’une enquête d'experts de l’ONUDC.