Le foie gras halal, présent déjà depuis quelques années sur le marché français, se vend bien à l’étranger et particulièrement dans les pays du Golfe. Selon le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), ses ventes ont remarquablement décollé dans des pays comme le Qatar et les Emirats arabes unis. «Sur les huit premiers mois de 2012, les exportations françaises vers les Emirats ont progressé de 14% en valeur par rapport à la même période de 2011, à 435 000 euros, et se sont envolées de 543% au Qatar à 302 000 euros», indique le Cifog contacté par l’agence de presse britannique Reuters.
Un «marché infinitésimal»
«C'est une production qui remonte à une petite dizaine d'années, même si c'est un marché infinitésimal», explique Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog, à Reuters. «La filière exporte quelques dizaines de tonnes aux Emirats arabes unis, au Qatar, ce n'est pas grand-chose mais effectivement ce côté export pourrait se développer», souligne-t-elle. Mme Pé n’est pas la seule à le penser. Stanislas Salembier, directeur export de Delpeyrat, qui se veut l’un des leaders du marché du foie gras en France, le halal constitue pour eux «un gros marché» dans le Moyen-Orient et les pays musulmans.
Bien qu’il ne représente que «3 à 5%» de la production totale du groupe, filiale de la coopérative Maïsadour, le foie gras halal de Delpeyrat connait depuis quelques temps une nette progression sur les marchés du Golfe. «En terme de volumes, ce n'est pas énorme», souligne Stanislas Salembier. Néanmoins, «il y a une demande, elle progresse d'environ 10% par an. Le halal, ce n'est peut-être pas le marché qui progresse le plus, mais ça fait partie des marchés qui progressent bien», affirme-t-il.
«On fait du halal pour répondre à la contrainte technique légale d'importation, pas pour se mettre à la mode», précise-t-il. Et de poursuivre : «on a ciblé ces marchés du Golfe et du Maghreb et on a vu que la contrainte pour rentrer c'était de faire du halal, donc on s'y est mis».
Une ferme spécialisée dans le foie gras halal
Abdelmounaim Chlieh, lui, a, fait du foie gras halal sa spécialité. Depuis trois ans, cet agriculteur, titulaire d'un agrément de la mosquée d'Evry, élève quelques 2000 canards près de Gaillac, une commune située dans le Tarn, dans le sud de la France. Mais, pour l’instant, la majorité de sa production est vendue dans l’Hexagone. «Vu notre taille et vu notre charge de travail, on se consacre plutôt au marché français, sur le grand Sud-ouest, de Bordeaux à Perpignan, mais pourquoi pas, à l'avenir, se développer sur l'export ?», s'interroge-t-il.
«Au niveau des structures, j'ai ce qu'il faut si besoin pour doubler la production, à condition bien sûr d'avoir les moyens humains en face», explique Abdelmounaim Chlieh. L’an dernier, sa ferme a produit de 600 kg de foie gras halal. Cette année, sa production a été portée à 800 kg.