Au Maroc, l’âge légal du mariage est fixé à 18 ans. Seulement, le Code de la famille entré en vigueur en 2004 donne le droit au juge d’autoriser le mariage pour des personnes plus jeunes.
Cette dérogation a favorisé la prolifération des mariages de mineurs. Selon les chiffres du ministère de la Justice, 41 098 actes de mariage de mineurs ont été conclus en 2010 contre 33 253 en 2009, soit une progression de 23,59%, rapporte Le Soir. Un triste phénomène que le PJD voudrait éradiquer selon la presse nationale. Le parti au pouvoir aurait proposé l’amendement des articles 20 et 21 de la Mouadawana relatifs à cette question lors d’une séance à la Chambre des représentants la semaine dernière.
Il serait question dans la proposition du PJD que «seuls les cas de mineurs âgés au minimum de 16 ans soient soumis à l’appréciation du juge. Après quoi, le consentement du/ de la concerné (e), «sans aucune influence parentale», serait la condition sine qua non pour sceller le mariage. Une telle disposition éjecterait d’office les cas des enfants de moins de 16 ans. Mais aucune précision n’est donnée quant à ce qui adviendra, notamment des jeunes filles victimes de viols, comme ce fut le cas de Hajar, 14 ans, obligée d’épouser son violeur à Salé en juin dernier.
«On ne va pas les laisser faire»
L’information concernant la proposition d’amendement issue du PJD circule dans la presse nationale depuis deux jours. Mais jusqu’à présent, le PJD n’a pas encore rien déclaré d’officiel. Et l’ex-ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Nezha Skalli, reste un peu sceptique. Toutefois, puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, «on ne va pas les laisser faire. On s’est toujours battu pour que l’interprétation soit enlevée au juge», affirme-t-elle à Yabiladi.
Même son de cloche pour la présidente de l’AMDH, Khadija Riyadi, qui estime que le mariage doit être autorisé à partir de 18 ans et c’est tout. Elle évoque le fait que les mariages des mineurs lorsqu’il y a une grossesse est généralement justifié par le fait que les enfants hors mariage sont illégitimes au Maroc, donc «pour résoudre le problème on marie les mineurs». « Les cas de viols et de grossesses, c’est à l’Etat de s’en charger», clame-t-elle, jugeant que le social ne doit pas primer sur l’avenir du mineur.
«On ne peut pas faire confiance aux juges, puisqu’ils acceptent presque tous les mariages», défend Mme Riyadi soulignant que la région du Sud, «les juges autorisent 98% des mariages de mineurs». Ainsi, poursuit-elle, «des enfants de 10, 11 ans se marient et doivent faire face, plus tard, à des problèmes de santé pour certains.
Il est à noter que le mariage des mineurs au Maroc concerne beaucoup plus les jeunes filles. Après le suicide d’Amina Filali, de multiples ONG et acteurs sociaux ont réclamé l’interdiction du mariage de cette catégorie de la population. Mais les supposées propositions du PJD ne répondent pas à leurs attentes. D'autant que l’abrogation de l’article 475 du Code pénal n'est pas abordée.