Abdessalam Yassine, le fondateur et «guide spirituel» d’Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), est décédé ce jeudi 13 décembre, à Rabat, à l’âge de 84 ans. La nouvelle, relayée très tôt ce matin sur les réseaux sociaux, vient d’être confirmée par un communiqué du mouvement islamiste, non autorisé mais toléré par les autorités marocaines, publié sur son site web Aljamaa.net. Sa fille, Nadia Yassine, a également confirmé son décès à l’Associated Press.
Selon le porte-parole du mouvement Fathallah Arsalane, contacté par l’AFP, sa mort est survenue vers 07h30 du matin. Ses funérailles auront lieu demain, après la prière du vendredi à la mosquée Sounna de Rabat. Il sera par la suite enterré dans un cimetière de la capitale, indique la même source. Sa succession au sein du mouvement n’est pas encore à l’ordre du jour.
Le PJD présente ses condoléances
Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a été parmi les premiers à présenter ses condoléances à la Jamaa. «En cette triste occasion, le PJD présente ses vives condoléances et sa compassion à la Jamaa et à tous les membres de sa famille implorant Allah le Tout Puissant de lui accorder sa miséricorde», indique la formation d’Abdelilah Benkirane dans un communiqué publié sur le site web du parti.
Du soufisme à la justice et la bienfaisance
Abdessalam Yassine est né à Marrakech, en 1928, sa famille étant originaire du village de Haha, située dans la région du Souss. C’est à Marrakech aussi qu’il fait ses études primaires, puis secondaires avant d’obtenir un diplôme de l'institut Ibn Youssef. En 1947, Abdessalam Yassine part à la capitale Rabat pour poursuivre ses études à l'Ecole de formation des instituteurs avant de décrocher plus tard un poste de «haut fonctionnaire» à l'administration centrale du ministère de l'Éducation nationale.
En 1965, le cheikh se tourne vers le soufisme et suit pendant des mois des leçons approfondies auprès de Cheikh Abbas de la Zaouiya Boutchichiya, mais la quitta dès la mort de ce dernier. Ce n’est qu’en 1973 qu’il fonda le Mouvement de la justice et de la bienfaisance pour l’instauration d'un Etat islamique au Maroc.
«L’islam ou le déluge»
A peine une année après la fondation du mouvement, Cheikh Yassine écrit une lettre ouverte au roi Hassan II, qu’il avait intitulé «l'Islam ou le déluge», dans laquelle il exprime ouvertement son opposition à la monarchie marocaine et plus particulièrement au titre d’Amir Al Mouminine (commandeur des croyants). Hassan II ordonna alors son emprisonnement. Il passa d’abord par la prison avant d’être interné en asile psychiatrique, puis libéré 42 mois plus tard. Il resta, toutefois, en résidence surveillée jusqu’en 2000, après l’intronisation du roi Mohammed VI.
Récemment, la Jamaa avait soutenu le Mouvement du 20 février avant de se retirer estimant qu’il s’agit d’un «mouvement qui exploite la colère populaire». La Jamaa avait également exprimé son mécontentement après la victoire du PJD, le 25 novembre dernier, aux élections législatives. Aujourd'hui, l'avenir du mouvement est plus que jamais dans le noir. Ses fidèles n'ont jusqu'à présent pas encore communiqué sur la question.