«Au niveau politique, nous nous attendons à une reconnaissance de la Coalition nationale syrienne et du gouvernement qui en émanera», a déclaré à la MAP le porte-parole de la Coalition nationale syrienne, Yaser Tabbara, lors de la 4e édition de la conférence du groupe des Amis du peuple syrien. Elle se tient aujourd’hui, mercredi 12 décembre, à Marrakech et réunit 120 délégations ministérielles de pays, tant européens qu’arabes.
Les espoirs de Yaser Tabbara sont sur le point de se concrétiser. «Nous sommes en train de négocier avec l'ensemble des partenaires sur un texte définitif qui sera adopté par la conférence de Marrakech et qui reconnaîtra la Coalition syrienne», a déclaré le ministre marocain à la chaîne de télévision France 24. L’enjeu de cette nouvelle réunion est la reconnaissance la plus large possible de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution. Souhaitée par la communauté internationale, elle est parvenue à se structurer très récemment en rassemblant plusieurs mouvements d’opposition à Bachar Al Assad, dont la Coalition nationale syrienne. Elle s’est officiellement formée, le 11 novembre, à Doha, au Qatar.
Youssef Amrani, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères
explique les enjeux de la réunion des Amis du peuple syrien
Interlocuteur crédible
Lors de l’ouverture de la réunion, le discours de Mohamed VI, lu par Saâd Dine El Othmani a insisté sur l'objectif principal de la réunion. «Il est nécessaire de soutenir le processus de transfert du pouvoir en Syrie, dans la perspective de l'instauration d'un régime démocratique pluriel, rassemblant les différentes sensibilités et composantes du peuple syrien.» Pour le roi, cette reconnaissance « ouvrira les voies nécessaires pour dialoguer et traiter avec cette coalition en tant que représentant légitime et principal interlocuteur crédible, concernant le traitement de la crise syrienne sous ses différents aspects, dans cette phase cruciale de l'histoire du vaillant peuple syrien», rapporte la MAP.
La veille Barack Obama, mardi 11 décembre, lors d’une interview sur la chaîne de télévision ABC, a lui-même reconnu officiellement «que la Coalition de l’opposition syrienne rassemblait désormais suffisamment de groupes, reflétait et représentait suffisamment la population syrienne pour [la considérer] comme la représentante légitime du peuple syrien, en opposition au régime d’Assad.» Par leurs poids diplomatiques, les Etats Unis ont lancé le mouvement d’une reconnaissance plus globale du mouvement. La Belgique, le Luxembourg et les Pays Bas reconnaissent ainsi d’ores et déjà la Coalition comme «le représentant légitime» du peuple syrien, a affirmé aujourd’hui, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, à Marrakech, rapporte 7sur7.
Les Etats Unis reconnaissent la Coalition d'opposition
L'opposition sans al-Nosra
Après l’échec de toutes les résolutions des Nations unies visant une intervention militaire directe extérieure pour faire tomber le régime de Bachar Al Assad, beaucoup de pays envisagent d’intervenir indirectement dans le conflit en livrant des armes lourdes à l’Armée syrienne libre. Yaser Tabbara espère que la reconnaissance de la Coalition débouchera logiquement sur la levée de l'embargo de l’Union européenne sur les armes qui frappe l'aile armée de l'opposition syrienne pour lui permettre d'acquérir des missiles anti-aériens et de mettre en place une zone d'exclusion aérienne à l'intérieur du sol syrien, rapporte la MAP.
Si cette reconnaissance globale est bien un premier pas pour permettre aux pays étrangers de lutter contre le régime syrien sans intervenir directement sur le terrain, le passage à la livraison d’armes à l’opposition ne devrait pas avoir lieu pour l'instant. «Nous ne sommes pas totalement en phase avec tous ceux qui participent aux combats contre Assad sur le terrain. Je pense que certains parmi eux ont des visées extrémistes, des objectifs anti-américains et nous allons clairement établir une distinction entre ces différents éléments», a expliqué Barack Obama. Les Etats Unis ont ainsi décidé d’inscrire sur la liste des organisations terroristes étrangères, al-Nosra, un mouvement présent sur tout le front syrien, aux côté de l’opposition. Aujourd'hui,le chef de la coalition de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al-Khatib a appelé les Etats-Unis à réexaminer leur décision de placer le groupe rebelle Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes, rapporte Le Monde.