La nouvelle est passée plutôt inaperçue, pourtant, le 22 novembre, à Marne la Vallée, la jeune franco-marocaine Mounia Khiri est devenue championne du monde et pas du moindre des sports ; un sport, un vrai : le full contact. Sport de combat très violent, il utilise les poings comme en boxe et les pieds comme au karaté. A 17 ans, Mounia se défoule, depuis 2 ans, au Club de full contact du Creusot, en Saône-et-Loire.
Dans sa catégorie – femme, junior, moins de 60kg – il y avait, le jour du Championnat du monde féminin, seulement 9 compétitrices, mais elles venaient du monde entier : d'Ouzbekistan à l'Espagne, en passant par la Russie. «Il était 20 heures quand je suis enfin, montée sur le ring. Par le jeu des combats, je suis arrivée directement en finale pour combattre une Irlandaise, qui venait de vaincre une Espagnole, raconte Mounia. J’étais fatiguée ; je m’étais levée à 6 heures du matin ; je me suis dit : je n’ai pas attendu tout ce temps pour arriver à rien, alors, oui j’étais assez motivée.» Les combats très brefs et très intenses se jouent en quelques minutes. Mounia Khiri gagne son combat. «L’équipe irlandaise à laquelle appartenait mon adversaire était la plus forte, les autres filles de son club ont tout gagné», note l’adolescente, non sans une pointe de fierté.
«J’ai manqué de technique»
«A un moment, j’ai donné un coup bien placé. Elle a commencé à ne plus trop voir, mais elle a repris le combat», raconte-t-elle. Dans certaines compétitions du full contact, que l’on qualifie de light contact, l’intérêt de concentre sur la technique, mais «dans cette compétition, gagner par KO était autorisé et j’ai vu effectivement plusieurs filles tomber en KO.» Pour s’entrainer, Mounia met des protections, «même avec le casque on ressent les coups», admet-elle. Alors elle a appris à poser sa garde, à placer ses coups plus précisément. «Le jour de la compétition, c’était très brouillon, j’ai manqué de technique, je sais que je peux faire mieux.»
Une jolie victoire qui lui a valu les félicitations de tout son entourage. «J’ai reçu des compliments des profs, de mes amis… j’avais un peu du mal à y croire, et puis j’étais un peu gênée», raconte-t-elle. Les parents de Mounia viennent d’Oujda et de Berkane, alors, là bas, aussi la nouvelle de sa victoire a émue la famille «Ma grand-mère, mes cousins m’ont appelée pour me féliciter. Ils étaient très contents pour moi.»
Affaire de famille
Mounia Khiri n’est pas tombée dans cette boxe d’un nouvel âge, sans raison. Elle avait avec elle, les trois hommes de sa famille : deux frères et surtout un père 1° dan de taekwondo. «Avant, je pratiquais la danse moderne jazz, mais mes frères faisaient des arts martiaux, et mon père du taekwondo.» Un entrainement, le sport lui plait et la voilà embarquée, pour la plus grande fierté de son père, et la plus grande peur de sa mère. «Au début, mon grand frère, Mounir, en faisait avec moi et ma mère croyait que c’était simplement une façon d’apprendre à se défendre, mais elle est venue à un entrainement et elle a vu que c’était un peu plus que ça …», reconnaît la jeune fille dans un sourire malicieux.
Aujourd’hui, elle s’entraîne, deux ou trois fois par semaine à raison d’une heure trente par entrainement, en temps normal, et trois ou quatre fois lorsqu’elle a une compétition. Un rythme soutenu, pourtant, Mounia Khiri ne prévoit pas de faire carrière dans le full contact. «Je me consacre d’abord à mes études, l’an prochain, il est possible que j’aille dans une université en Espagne pour une licence en publicité et communication», explique-t-elle. Pourtant, elle sait qu'elle n'abandonnera pas les arts martiaux, quoi qu'il arrive. Ouf !