Racisme anti-noir au Maroc : 3 étudiants marocains au Sénégal réagissent

Originaire de la ville de Fès, Zakaria a 27 ans. Cela fait 8 ans qu’il vit au Sénégal et fait des études de médecine à Dakar. Pour lui, ces actes de dénonciation du racisme anti-noir dans la presse marocaine n’ont pas créé de réactions virulentes de la part de la population locale. «C’est comme si rien ne s’était passé. Les gens sont sympas ici au Sénégal. Je n’ai rencontré aucun problème suite à la publication de tous ces articles» lance-t-il. «La seule chose négative sur les Marocains que j’ai entendu sortait de la bouche des migrants sénégalais qui ont tenté de gagner l’Europe clandestinement en passant par le Maroc et qui ont été rapatriés vers le Sénégal. Ils disaient que les policiers marocains étaient durs et violents avec eux et qu’ils ne les laissaient pas passer la frontière aussi facilement», ajoute-t-il.

«Les Marocains au Sénégal mieux traités que les Sénégalais au Maroc !»

Du Sénégal, Zakaria a beaucoup suivi les débats de ces dernières concernant le racisme anti-noir existant au Maroc. «Je pense aussi que les Marocains sont racistes. Ils ne se sont pas encore habitués à vivre avec des Subsahariens. Je pense que c’est aussi la faute des médias marocains qui cherchent à les diaboliser. Les Marocains ici au Sénégal sont mieux traités que les Sénégalais au Maroc. Les Sénégalais sont plus tolérants que les Marocains. Un Sénégalais quand il va sortir la nuit au Maroc va se faire contrôler par les policiers qui vont lui demander son titre de séjour. Par contre, ici les autorités sénégalaises ne nous embêtent pas. J’ai un ami sénégalais qui a été marchant ambulant au Maroc durant 7 mois qui s’est plaint d’avoir été à chaque fois arrêté par la police marocaine qui voulait vérifier son titre de séjour, chose qu'il n'avait pas», poursuit-il.

Donnant-donnant

De son côté, Sarah est également étudiante en médecine à Dakar en 6^ème année. Elle non plus n’a pas ressenti de remarques ou de réactions virulentes à l’encontre des étudiants marocains vivant dans la capitale sénégalaise. «Sincèrement je n’ai rien senti du tout. Les gens ici ne sont pas au courant de ce qui se passe au Maroc mais je pense que s’ils l’étaient plus, on pourrait être insultés ou pris à part», déclare la jeune fille. «J’ai rencontré il y a deux mois environ une famille à Dakar qui avait envoyé leur fille étudié au Maroc. Cette dernière a vécu du racisme au Maroc et la mère de famille m’a dit «Vous traitez mal nos enfants au Maroc, on vous traitera mal ici, c’est donnant-donnant !» explique-t-elle reconnaissant par la même occasion que les Marocains peuvent être racistes. «Au Maroc, les gens sont racistes contre les Africains mais ils oublient que le Maroc se trouve sur le continent africain», lâche-t-elle. Sarah confie également qu’après la fin de ces études au Sénégal, elle compte rentrer au Maroc. «J’en ai assez qu’on prenne les Marocaines pour des prostituées ici au Sénégal. Par aileurs, la vie est plus chère aussi ici qu’au Maroc et même en France !», regrette-t-elle.

«les Marocains, pas des racistes»

Enfin, la vision des choses d’Abdallah, autre étudiant marocain en médecine est différente. Pour lui les Marocains ne sont pas des racistes. «Les Marocains se comportent bien avec les étrangers. Ils les respectent. Le Maroc est encore pauvre et il faut qu’il s’habitue à l’arrivée des migrants. Pour ma part, j’habite à El Jadida et il y a eu beaucoup d’agressions menées par des Subsahariens, donc je comprends ces sentiments racistes», explique-t-il. En revanche, lui également, n’a pas subi de retour de boomerang dans sa vie au Sénégal. «Les Sénégalais ne sont pas au courant de ce qui se passe au Maroc» affirme-t-il. Par contre, il explique que lorsque certains étudiants Marocains commettent des incivilités dans la rue ou ont des comportements agressifs en boîte de nuit ou dans les lieux publics, certains Sénégalais vont avoir tendance à mettre tous les Marocains dans le même sac. «On m’a plusieurs fois dit «tu es chez nous là !» ou «tous les Marocains sont des tricheurs», conclut-il.

En 4^ème année de médecine, Abdallah confie qu’il compte rentrer au Maroc après ses études car il a du mal à s’adapter à la vie sénégalaise.