Jeudi après-midi, la Commission des finances s’est réunie pour entamer l’examen des amendements. Parmi les sujets débattus, la très controversée taxation des hauts revenus. Et c’est le chef du gouvernement en personne qui s’est exprimé. Il «a décidé de la maintenir», rapporte L’Economiste dans son édition de ce vendredi. Soutien du Fonds de solidarité oblige.
3 tranches de revenus surtaxés
Finalement, la taxe s’appliquera à trois tranches de revenus au lieu de deux comme initialement annoncé. Ainsi, la première concerne les salaires annuels allant de 360 000 à 600 000 dirhams, pour un taux de 2%. Puis, de 600.000 à 840.000 dirhams, il faudra payer 4%. Et pour des salaires supérieurs à 840 000 dirhams, le taux s’élève à 6%. «Pour ce point, il semble que le ministre [M. Benkirane] décidera de la démarche en fonction des tendances au sein de la Commission des finances», précise L’Economiste.
Changement aussi au niveau des entreprises, au lieu de 20 millions de dirhams, la taxe va concerner les sociétés ayant un bénéfice supérieur à 15 millions. Ainsi, pour un résultat situé entre 15 et 25 millions, les entreprises devront contribuer à hauteur de 0,5%. Entre 25 et 50 millions de dirhams, le taux est fixé à 1%. La troisième tranche concerne les bénéfices allant de 50 à 100 millions de dirhams, pour 1,5%. Au-delà de 100 millions de dirhams, la taxe est de 2%.
Les cadres devraient négocier leur salaire en brut
La nouvelle n’enchantera certainement pas le patronat qui s’était opposé à une telle mesure, estimant qu’elle est «inconvenante» pour les cadres et «nocive pour la confiance compétitive des entreprises». La présidente de la CGEM, Meriem Bensalah Chaqroun proposait de se tourner plutôt vers l’informel pour alimenter les caisses de l’Etat.
De son côté, Jamal Balarach de la CGEM se plaignait affirmant qu’«au Maroc, les cadres négocient leurs salaires en net. Cette nouvelle taxe, c’est donc nos employeurs qui devront la payer. Ce qui risque d’altérer la compétitivité de l’entreprise marocaine à l’international». Mais pour l’économiste Najib Akesbi, il est hors de question de parler ici d’un impact sur l’entreprise dans la mesure où c’est le salarié qui paye les taxes. «Le contraire serait illégal», juge-t-il préconisant que les cadres négocient leur salaire en brut et le problème est résolu» !
Dès le départ, M. Akesbi et son confrère Mohamed Chiguer soutiennent la taxation des hauts revenus, mais craignaient que le gouvernement fasse marche arrière suite à la pression du patronat et des parlementaires. C’est donc une bonne nouvelle pour ceux qui rêve d’équité dans ce pays.