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Grand Angle

Forum Afrique Développement : Le Maroc ne pourra pas dominer le marché sans partenaires

Hier et aujourd'hui, se déroule, à Casablanca, la deuxième édition du Forum Afrique Développement organisé par Attijariwafa Bank. Si le Maroc se veut le moteur des échanges intra-africains, il ne pourra pas avancer seul.

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«L’intégration économique régionale est longue et complexe sous nos cieux africains et malheureusement le temps joue contre nous», lance Mohamed Kettani, PDG du groupe Attijariwafa Bank. Malgré l’optimisme affiché tout au long de la première matinée du Forum Afrique Développement organisé, par la banque marocaine, à Casablanca, hier et aujourd’hui, vendredi 9 novembre, le commerce intra africain ne représente que 10% des échanges du continent, contre 30%, par exemple, en Amérique Latine.

Le royaume est conscient depuis plusieurs années que le marché africain est un débouché majeur pour ses produits. Relativement plus développé que la majeure partie des pays du continent, exception faite de l’Afrique du Sud, il produit des biens que le reste des pays d’Afrique ne produit pas. Il voudrait donc être à l’Afrique ce que l’Union européenne est au royaume : un partenaire économique puissant et exportateur. Aujourd’hui, le solde du commerce extérieur marocain est largement déficitaire, l’Afrique représente un espace d’acheteurs susceptible de participer à pallier ce déficit

Maroc : 3° en Afrique pour la logistique

Pour parvenir à ses fins, le pays développe ses infrastructures de transport et de logistique. «Le Maroc est classé troisième [derrière la Tunisie, ndlr] selon l’index des performances logistiques de Banque mondiale, à l’échelle du continent ; il a gagné 63 places, en seulement 5 ans», souligne Oussama Loudghiri, directeur général de la Société nationale marocaine de transport et logistique. Malgré son avance sur le reste des pays africains, le Maroc ne pourra pas aller plus vite que la musique : ses échanges avec le reste de l’Afrique sont directement impactés par les difficultés internes à chaque pays.

«Dans certains cas, le transport dépasse 20% du coût des marchandises et des milliers de tonnes de récoltes sont parfois détruites faute d’infrastructure d’acheminement», détaillait le Livre Blanc délivré en 2010, lors de la 1ère édition du forum. Aujourd’hui, explique Fousseni Koné, directeur adjoint du port sec Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, dépourvu de façade maritime, «le transport représente 40 à 60% du coût de revient des marchandises, au Burkina.»

Le transport explose les prix

Le Sénégal dispose, pour sa part, de l’immense port de Dakar, mais ses connexions avec l’arrière pays sont très difficiles «le chemin de fer est vétuste et il existe des tracasseries sur les routes qui entament la fluidité du trafic entre le port et les exportateurs ou importateurs situés à l’intérieur des terres», regrette un haut responsable du port de Dakar. Toutes ces difficultés impactent directement le prix des marchandises marocaines à destination de ces pays.

Invité Par Attijariwafa bank à participer au forum, Collins Teukeu, de l’entreprise ETEF Sari œuvrant dans le secteur de l’électricité et du bâtiment veut rencontrer des sociétés comme Beltransfo et les Câbleries du Maroc, car «ils font du bon matériel», explique-t-il. Pourtant, aussi compétitifs que puissent être les produits marocains, ils ont bien du mal à parvenir jusqu’au Cameroun pour la société ETEF Sari qui est une simple SARL. «Entre le moment où ils quittent le Maroc et celui où ils arrivent chez nous, il faut compter deux mois. Ils font presque le tour de l’Europe dans un sous container, alors que nos fournisseurs marocains attendent seulement 90 jours pour être payés», raconte Collins Teukeu.

Le même problème se pose pour Clovis Voly, sous-directeur technique de la société Socomelec Ivoire, travaillant également dans l’électricité, basée en Côte d’Ivoire et importatrice de produits marocains. «Quand on n’a pas beaucoup de marchandises à importer du Maroc on ne remplit pas un container entier et ça devient difficile de les acheminer jusqu’en Côte d’ivoire», explique Clovis Voly. Pour le jeune cadre, le problème logistique est le plus grand frein à ses relations commerciales avec les opérateurs africains. Dans ces conditions, le renforcement des échanges intra-africains serait à lui-même sa propre solution : il entrainerait l’augmentation du nombre de départs de porte-containers du Maroc à destination, directement, des autres pays de la face maritime ouest atlantique de l’Afrique.

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