Aya est morte, à 15 ans, à l’hôpital de Mélilia : trop marocaine pour avoir la vie sauve. Vendredi 2 novembre, la jeune Aya Koudad, Marocaine de Nador, est morte d’une leucémie, a révélé dimanche 4 novembre, le journal maspublico.com. Hospitalisée aux soins intensifs de l’hôpital Comarcal de Mélilia, le 9 octobre, elle n’avait pas pu accéder au traitement au Maroc et l’Espagne lui a fermé ses portes.
Aya souffrait d'anémie aplasique sévère. La maladie a entraîné la disparition des cellules souches, situées dans la moelle épinière qui produisent le sang. Même si la maladie d’Aya avait atteint un stade avancé, il lui restait au moins une chance : l’un de ses frères pouvaient être compatible, c’est à dire qu’il aurait pu lui offrir une petite quantité de sa moelle épinière pour pallier les défaillance de la sienne.
Les hôpitaux marocains hors course
Les parents de Aya Koudad, un enseignant et une fonctionnaire, sont allés d’hôpital en hôpital au Maroc. Selon, maspublico.comn, l’hôpital Ibn Rochd, à Casablanca, aurait pu effectuer cette greffe, mais le traitement dont elle avait besoin n’est accessible qu’à quelques privilégiés. Selon le journal La opinion de Malaga, un autre hôpital, à Rabat, aurait pu lui offrir ce traitement, sans qu’il soit question d’argent, mais que ce genre de nouveau traitement, dans le système de santé marocain, n’avait pas bonne réputation. Dans les deux cas, le milieu hospitalier marocain n’a pas été en mesure d’offrir à l’adolescente la greffe essentielle à sa survie.
La famille, originaire de Nador, s’est donc dirigée vers Melilla où l’enfant a été hospitalisée. Là encore, l’hôpital ne pouvait pas réaliser la greffe. Dans un monde parfait, Aya aurait donc dû être transférée, dès son arrivée, à Malaga, mais Aya ne vivait pas dans un monde parfait. L’hôpital de Malaga a refusé de la recevoir. Il a expliqué qu’elle était Marocaine et ne résidait pas à Mélilia en temps normal, il aurait donc fallu, dans le cadre d’accords bilatéraux signés avec le Maroc, que les autorités marocaines joignent une demande expresse de transfert médical pour l’adolescente. Le Maroc serait resté mué.
L'aide vient trop tard
Selon, maspublico, la jeune fille avait pourtant le droit, selon la loi espagnole, dans la mesure où elle était mineur et où elle était au moment des faits sur le territoire espagnol – du moins du point de vue de l’Espagne – puisqu’elle se trouvait à Mélillia, d’être soignée dans un hôpital espagnol.
Pourtant, la direction de l’hôpital de Comarcal de Mélilia, d’après la plainte de José Palazon, président de l’Association pour la défense des droits humains de l’enfance, a «laissé mourir» la jeune Marocaine en ne réalisant qu’une seule demande de transfert vers l’hôpital Carlos Haya de Malaga, alors qu’elle aurait pu solliciter d’autres hôpitaux espagnols pour sauver l’adolescente.
Mélilia, ville frontière
Finalement, le 17 octobre, alors que l’état de Aya se dégrade, l’hôpital de Malaga prend peur, raconte José Palazon. Il recommande enfin son transfert vers le continent, mais il est déjà trop tard. Le jeune Marocaine est trop faible pour être transportée jusqu’à l’aéroport de Melilia. Elle sombre dans un coma irréversible avant de mourir, vendredi 2 novembre. Les parents de Aya Koudad envisagent aujourd’hui de porter plainte contre la direction de l’hôpital de Mélilia pour négligence.
«Ce qui s'est passé est une nouvelle démonstration des orientations politiques du gouvernement. Des ordres sont donnés pour tenter d'empêcher d’offrir toute assistance aux malades marocains afin de les pousser à trouver une alternative», explique José Palazon. Cette fois encore, la frontière entre le Maroc et l’Espagne a été trop épaisse. Quelques jours plus tôt, révèle l’Obs, dans la nuit du 26 au 27 octobre, le lendemain de l’Aïd el Kebir, 72 migrants clandestins, dont 31 Sénégalais, sont morts noyés, au large de Nador lorsque leur embarcation a chaviré.