Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib, juge l’agence Standard and Poor's (S&P) trop sévère envers le Maroc. Standard and Poor’s a annoncé, dans un communiqué, jeudi 18 octobre, qu’elle maintenait la note du secteur bancaire marocain à BBB-/Négative/A-3 en devise et à BBB/Negative/A-2 en dirhams. Pour ce qui est des deux principales composantes secteur bancaire, S&P a abaissé la note du risque économique du groupe 8 à 7 et celui de l’industrie de 5 à 6.
Pour Abdellatif Jouahri, «le secteur bancaire marocain aurait pu prétendre à obtenir un cran supérieur». Il ne compte pas en rester là. «Je me fais fort d’écrire à l’agence pour obtenir plus de détails et ainsi pouvoir contre-argumenter» confie-t-il à l’Economiste, lundi 22 octobre.
S&P justifie sa notation par l’insuffisance des liquidités bancaires. Elle «s’est détériorée ces dernières années en raison d’une augmentation rapide des prêts sans une augmentation proportionnelle de la base des dépôts», souligne le communiqué. En outre, l’agence prévoit une détérioration du ratio de capitalisation au fil du temps, en raison de la hausse sensible des prêts par rapport à celle des dépôts. Toutefois, S&P se réjouit de ce que «le ralentissement attendu de l’économie freinera la demande de crédit et par conséquent, limitera les déséquilibres économiques».
La note aurait dû gagner un cran supplémentaire
Cette nouvelle dégradation par S&P arrive moins deux semaines après la mise sous surveillance négative de la dette souveraine du Maroc par l’agence, qui menace même de la dégrader si le royaume ne réussit pas à réduire ses déficits de manière significative et durable. Le Maroc est, effectivement, très endetté en ce moment et compte s’endetter davantage avec notamment la levée de fonds d’un milliard de dollars qui devrait être effective très prochainement selon le ministre délégué de l’Economie et des Finances, en charge du Budget, Driss El Azami.
Pour l’économiste Najib Akesbi le Maroc «a déjà perdu le peu de souveraineté qu’il avait, parce qu’enfermé dans l’étau des contraintes avec les organisations internationales». L’on ne sait si le gouverneur de BAM est déjà passé à l’action ou non, mais la question il est improbable que l’agence de notation accepte de marcher au pas de Abdellatif Jouahri.