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Grand Angle

Les Elmaleh d’origine (juive) marocaine [Réponse aux lecteurs]

Suite à mon article sur les trois frères de la famille Elmaleh, soupçonnés d'être les têtes pensantes d'un vaste trafic de drogue, les lecteurs de Yabiladi ont pointé du doigt la précision «juive d’origine marocaine». Interpelée, j'ai décidé de la retirer la référence à la réligion. Explications

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Prise la main dans le sac. Hier, dans l’article «Trafic de drogue Maroc-Suisse : Le rôle des trois frères Elmaleh», j’ai écrit dans le chapeau : «Le trafic de drogue entre le Maroc et la Suisse, entachant au passage l'élue parisienne d'EELV, Florence Lamblin, aurait été mené par la famille Elmaleh d'origine juive marocaine». Aussitôt publié, aussitôt interpelée. Sur les 11 commentaires qui ont suivi l’article, tous font référence à la précision «juive d’origine marocaine». A une exception près, tous la condamnent.

Nationaliste, Tiwalline0, y voit une façon «de diviser au sein du même peuple», comme mcc22 qui s’insurge : «je suis choqué de ces propos antijuif... la communauté juive marocaine a toujours fais partie intégrante du Maroc depuis des millénaires… Qu'est ce que cela change qu'ils soient juifs ou musulmans ?»

«Tu n'es jamais un vrai Français»

Pour la plupart, le problème se situe plutôt dans le simple fait d’avoir spécifier la religion, indépendamment de la nationalité : «votre journal, cela me rappelle les journaux français. Dans la culture marocaine, on dit qu'on est Marocain, c'est tout. Chez les Français, par contre, on cherche tes origines lointaines, c'est-à-dire que tu n'es jamais un vrai Français lorsque tu es juif ou musulman», remarque kola1955. Tiwalline0 dénonce le risque d’amalgame : «ce matin un réseau albanais a été démantelé. Est ce que tous les Albanais sont des dealers? Non!»

A la lecture de ces commentaires, j’ai supprimé la référence à la religion des présumés innocents (rappelons-le, cela aussi). Si mon intention avait été simplement de situer les trois frères le plus précisément possible dans leur environnement afin de les rendre plus «vivants», la référence à leur religion était inappropriée. La tendance pour un journaliste, dans le cas de faits divers, à décrire le plus possible les acteurs est, je crois, légitime, mais préciser leur religion lorsqu’il est de notoriété publique et qu’elle fait l’objet de racisme devient d’autant plus malvenu qu’elle n’a aucune incidence sur les faits. Préciser la nationalité d’origine des frères Elmaleh est logique, puisque le trafic de drogue qu’ils auraient mis en œuvre partait du rif marocain, mais leur religion, jusqu’à preuve du contraire, n’a rien à voir dans l’affaire.

Tous coupables !

«Dans une logique de fait divers, les journalistes ont le mauvais réflexe de toujours préciser l’origine de la personne», a noté Virginie Sasson, docteur en Sciences de l'information et de la communication et membre de l’Institut Panos. La nationalité, plus que la religion qui est toujours un sujet sensible, est précisée comme si elle participait implicitement à expliquer le geste, souvent criminel, d'une personne. La presse espagnole est sujette, à l’excès, à ce genre de réflexes. Suivre l’actualité des Marocains en Espagne, c’est suivre une succession de délits plus ou moins graves impliquant un criminel voire une victime marocaine.

Virginie Sasson dénonce la même tendance des médias français «à mettre les immigrés dans un tout englobant qui évacue les spécificités de l’individu. En 2005, au moment des émeutes de banlieue, la télévision s’est retrouvée à parler de «bandes ethniques», se souvient-elle. Ces façons de former des groupes implique qu’un individu appartenant, de fait plus que de choix, à une minorité se retrouve co-responsable, aux yeux du reste de la société, de l’acte délictuel d’un autre «membre» de la communauté. Le premier est même sommé de condamner le geste du second, comme si, sans cette précision, il était lui-aussi supposé partager ses vues et donc sa culpabilité.

A cette égard, Yabiladi, comme tous les médias communautaires, est doté d’un droit d’exception. Il a vocation, par nature, à traiter les petites et grandes histoires des Marocains en Europe et dans le monde. A ce titre, préciser la nationalité marocaine d’origine d’une personne est une façon d’expliquer à nos lecteurs, au-delà d’un fait d’actualité, la raison pour laquelle nous avons choisi d’en parler, non de rendre tous les Marocains responsables les uns des autres.

Trafic de drogue des frères Elmalmeh
Auteur : Tafiouchte
Date : le 09 novembre 2012 à 15h37
Je n'apprécie pas qu'on mette en avant la nationalité (origine) d'une personne qui commet un crime ou délit mais si les frères Elmaleh détiennent une autre nationalité que la nationalité marocaine (suisse ou israélienne par exemple ...) il serait juste que cela soit aussi précisée dans l'article ou qu'on n'en fasse pas du tout référence , ce qui serait préférable...
Dernière modification le 09/11/2012 15:40
Politiquement correct
Auteur : Adeimantos
Date : le 20 octobre 2012 à 18h06
Il faut remarquer combien les sociétés contemporaines et leurs sociétaires nourrissent en leur sein des "commissaires" du politiquement correct. Affirmer de quelqu'un qu'il vient de quelque part et qu'il est de telle culture ou supposé appartenir à telle religion, qu'il exerce tel métier ou telle fonction, est devenu pratiquement "discriminatoire". Pourtant, à quiconque rencontré dans telle réunion, dans telle fête familiale, à la croisée d'un chemin, on lui demande : "Qui es-tu ?"; "D'où viens-tu ?", ou encore, s'il s'agit d'un étranger : "Comment vit-on chez toi ?". Bien sûr, pour beaucoup de défenseurs professionnels du prêt à penser, cela est une intolérable atteinte supplémentaire aux sacro-saints "droits de l'homme", ce fourre-tout qui permet de s'indigner mais, à vrai dire, interdit de réfléchir.

Si la famille El Maleh en question est d'origine juive marocaine, cela permet de savoir qu'elle n'est pas d'origine syrienne ou libanaise. Et si les supposés blanchisseurs d'argent sale avaient porté le nom de Dupond (avec un "d"), on se serait demandé si ses membres venaient de Suisse, de Belgique (de Moulinsart), du Luxembourg, de la Principauté de Moncaco ou de telle ou telle ville de France ou du monde francophone.

Bien évidemment, si porter un nom à consonance arabe est honteux et si préciser que ce nom est répandu dans la communauté juive marocaine (plutôt qu'à Tombouctou ou à Chandernagor) est une insulte, il n'y a plus qu'à ranger ses crayons et à transformer les organes d'informations en bulletin météo. C'est sans doute comme cela que certains aiment vivre en Corée du Nord.
La parabole de la paille et de la poutre, en somme...
Auteur : Redchile
Date : le 20 octobre 2012 à 11h44
Préciser l'origine ethnique ou religieuse d'une personne n'a d'utilité que si cela sert le sujet d'information. Autrement il n'apporte que polémique et détourne du vrais sujet.

Le patronyme des personnes situe déjà suffisamment leurs origines.

La pierre ne doit pas être lancée à cette journaliste, car c'est une pratique à ce point courante dans l'histoire de l'Humanité qu'elle passe généralement inaperçue, hors contextes particuliers.

Nous témoignons tous de cette stigmatisation inconsciente. Combien de fois n'ai-je entendu au Maroc des conversations familiales ou dans la rue disant "tu comprends, c'est un Rifain, c'est un Fassi, c'est un Berbère, c'est un Saoudien, c'est un Algérien, c'est un juif de..." sensé situer le mode comportemental de tel ou tel.
@Spartiate001
Auteur : Dabens
Date : le 18 octobre 2012 à 10h51
Elle a peur de perdre sa place la petite Julie Chaudier. Elle fait comme tous les autres journalistes , elle rampe au sol pour s'excuser d'avoir prononcer le terme "juif" (olala sacrilège)
@webmaster
Auteur : spartiate001
Date : le 17 octobre 2012 à 19h29
Mais quand je lis le nom du redacteur de l article julie chaudier , je comprend mieux pourquoi tout cet effort deployé a cacher le soleil avec un passoir
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