Deux jours après l’attribution du Prix Nobel de Physique, les Français continuent de cocoriquer à tue-tête, fiers que Serge Haroche, spécialiste français de physique atomique et d'optique quantique, âgé de 68 ans, ait pu honorer la France en décrochant un prix aussi prestigieux. Néanmoins, il n’y a pas que les Français qui se réjouissent de ce prix. Les Marocains aussi sont fiers que Serge Haroche ait remporté le Prix Nobel de Physique, car avant d’être Français, Serge Haroche est avant tout un enfant du pays.
Fils d'un Marocain de confession juive
Serge Haroche est né à Casablanca en 1944 dans une famille de confession juive. C’est le blogueur marocain Farid Mnebhi qui nous en apprend un peu plus sur ses parents dans une tribune publiée sur le Nouvel Obs. Le père de Serge Haroche est marocain juif et sa mère est russe et également de confession juive. C’est à l’âge de 12 ans que Serge Haroche quitte son Maroc natal avec ses parents pour s’installer en France en 1956 et ce «pour des raisons strictement familiales». Plusieurs années plus tard, Serge Haroche intègre l’Ecole normale supérieure, établissement supérieur français réputé pour la qualité de ces travaux de recherches scientifiques. Le lauréat du Prix Nobel y effectue sa thèse puis entre au CNRS. Il devient ensuite enseignant et maître de conférences à l’Ecole polytechnique, à l’université Paris VI et a également enseigné durant 9 ans à l’Université de Yale aux Etats-Unis. Il devient également professeur de physique quantique au Collège de France et dirige une équipe de chercheurs de l’ENS. Marié et père de deux enfants, Serge Haroche avait déjà reçu en 2009 la médaille d'or du CNRS pour ses travaux sur le monde quantique.
Premier Marocain nobélisé
«C’est magnifique ! Le Maroc peut se glorifier d’avoir un premier Marocain nobélisé», lance avec joie Maguy Kakon, politicienne marocaine de confession juive, fière que Serge Haroche ait revendiqué sa marocanité dans les médias. Des origines marocaines, hélas que les médias français, eux n’ont évoqué que brièvement, au détour d’une phrase, sans donner plus de détails.
«Il y a lieu de rappeler que la nationalité marocaine, pour les citoyens de souche, qu’ils soient musulmans ou juifs, ne peut en aucun cas être retirée quel qu’en soit le crime commis ou en raison d’acquisition d’une autre nationalité», insiste à dire Farid Mnebhi.
«Le Maroc a donc un droit de préemption légitime sur la nationalité de Monsieur Serge Haroche. Une nationalité marocaine qu’il n’a jamais reniée et dont il n’en a été et n’en sera jamais déchue. La boucle est donc fermée, Monsieur Serge Haroche est bien marocain avant d’être français.» ajoute-t-il regrettant que la presse française ne se soit pas attardée sur ces origines marocaines. Farid Mnebhi tient également à rappeler avec ironie que lorsqu’un Français d’origine immigré commet un crime, la presse n’hésite pas à rappeler «ses origines, sa race, sa religion et sa tribu.».
Pour Maguy Kakon, le fait que le Prix Nobel de physique ait été remporté par un franco-marocain de confession juive est l’occasion pour le Maroc de revoir le contenu de ses livres scolaires d’histoire et de mettre en valeur la présence et le rôle des juifs dans l’histoire du royaume pour éviter, d’une part, que le pays ne sombre dans une amnésie collective, mais aussi pour resserrer les liens entre le Maroc et sa diaspora juive du monde.