Mercredi 3 octobre, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, arrive au Maroc pour la 10ème rencontre de haut niveau entre les deux pays. Une réunion au cours de laquelle de multiples accords seront signés. D’autant que, cette date marque le 20ème anniversaire du traité de «bon voisinage» entre Rabat et Madrid. Et même si les deux royaumes ne vivent pas la crise de la même manière, l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, Alberto Navarro, se réjouit des effets de la période actuelle sur les relations bilatérales.
«C'est un bon moment pour nous. La crise en Europe a apporté des opportunités. […] Cela amène nos entreprises à regarder hors de l'UE et, dans ce cas-là, on débute par ses voisins [en l'ocurrence le Maroc, ndlr]» a-t-il déclaré à l’AFP. Constat fait également par un diplomate d'une autre représentation européenne, dont l’identité n’a pas été révélée. D’après lui, d'une part «l'Espagne, dans le contexte, a besoin de développer sa coopération, [d'autre part] qu’il y a une offensive marocaine avec l'espoir de faire bouger Madrid sur le Sahara».
Et c’est toujours dans cette période de crise que les deux gouvernements ont renforcé leur coopération policière avec notamment l’ouverture de deux nouveaux commissariats conjoints à Tanger et Algésiras. «Il y a un réchauffement né d'une volonté commune de se prémunir des crises, économiques bien sûr, mais aussi migratoires», confie M. Navarro, soulignant que l'Espagne a été le seul pays européen cité par le roi Mohammed VI dans son dernier discours en août.
Outre cela, les relations bilatérales vont si bon train en ces temps de crise que l’entrée en vigueur de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Espagne est effective seulement depuis ce 1er octobre, alors qu'elle était initialement prévue en juillet dernier. Une «entente» entre Rabat et Madrid avait permis ce report. Pourtant l’Europe est un très bon marché pour l’agriculture marocaine qui a pris un véritable coup après les perturbations climatiques qu’a connu le royaume chérifien en début d’année.
D'autres se chargent des vraies problématiques
C’est dire à quel point les liens semblent se resserrer entre les deux pays, alors que les questions cruciales liées aux présides de Sebta et Melilia sont toujours esquivées. Quoiqu'il en soit, le président de la Chambre des Conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, a tranché sur la question lors de sa visite à Madrid en juin dernier : le Maroc attend «de meilleurs jours» pour discuter à ce sujet.
En attendant ces «meilleurs jours», les nationalistes dirigés par Yahya Yahya mènent toutes les actions possibles pour la récupération de Sebta et Melilia. Ils organisent une marche sur le Rocher de Badis ce mercredi 3 octobre, en marge de la rencontre de haut niveau entre Rabat et Madrid. Et ce après avoir tenu des manifestations le 22 septembre dernier qui ont abouti à la fermeture, pendant une heure, de l’une des quatre principales grilles frontalières qui séparent Melilia du Maroc.