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Grand Angle

Prix du pain au Maroc : Le gouvernement réduit de 15% les aides allouées aux minotiers importateurs

Le jeudi, le gouvernement a pris deux mesures : 1 milliard pour subventionner le pain et réduire de 15% l’aide accordée aux minotiers importateurs de blé tendre. La première a connu une surmédiatisation tous azimuts alors que la seconde est presque passée inaperçue.Le consommateur va-t-il payer la différence?

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Sur le marché mondial le cours du blé poursuit son trend haussier. Depuis vendredi dernier, il s’est apprécié de 2%. C’est la conséquence de déclarations du ministre russe du Développement économique faisant état de la volonté de son pays de limiter ses exportations de cette matière. «La question de l'arrêt des exportations de céréales est liée à la question de la dynamique des prix des céréales dans le pays. Nous sommes tout simplement obligés de défendre notre marché intérieur, nous n'avons aucune illusion en la matière, nous n'admettrons pas de bond des prix des céréales et des prix alimentaires».

Voilà ce qui se passe en Russie, le 3ème producteur mondial de blé. Au Maroc et une semaine après cette nouvelle hausse des prix, le gouvernement Benkirane a décrété, le jeudi 27 septembre, une baisse de l’ordre de 15% de la subvention qu’elle accorde aux minotiers durant le quatrième trimestre de cette année. Par cette mesure, l’aide de la caisse de compensation à ce secteur ne dépassera pas, comme le souligne un communiqué de l’ONICL publié hier, le seuil de 300 dollars pour la tonne de blé tendre. C’est le prix qui permet de maintenir le prix du pain inchangé.

Le consommateur va-t-il payer les 15%?

Cette décision de l’équipe Benkirne serait-telle annonciatrice de possibles hausses des prix du pain ? Les minotiers habitués à une prise en charge totale du surcoût engendré par la flambée des cours mondiaux par rapport au prix établi par le gouvernement (300 dollars la tonne), ne vont pas rester les bras croisés. Ils vont répercuter la différence sur le consommateur.

En prévision d’une telle perspective, le conseil du gouvernement, lors de sa réunion du jeudi, a décidé de subventionner le prix du pain pour un montant de 1 milliard de dirhams. «Cette mesure a été prise d'un commun accord entre le ministère de l'Economie et des Finances et le ministère chargé des Affaires générales et de la gouvernance» a déclaré le ministre de la Communication à la presse. Une manne financière destinée, en premier lieu, aux minotiers. Un placebo pour apaiser leurs colères suscitée par l’autre mesure du même gouvernement de réduire la subvention de 15% à toute les tonnes de blé tendre ayant dépassé 300 dollars la tonne, le seuil décrété par l’équipe Benkirane.

En 2011, la subvention du blé n’a pas dépassé les 7% de l’ensemble des aides de la caisse de compensation. Durant les trois dernières années, le volume des aides à ce secteur a atteint environ 3,5 milliards de dh, selon une étude récente de la caisse de compensation. Un montant dérisoire par rapport à ceux alloués aux carburants, 83,6% , soit 31 milliards de dh.

Cette réduction tombe au mauvais moment pour l’économie marocaine. Les indicateurs sont dans le rouge, même les transferts des MRE n’échappent pas à cette tendance. Les réserves en devises ont une nouvelle fois chuté. Selon une note de la Banque centrale, ils ont baissé, entre le 13 et 19 septembre, de 0,5%, couvrant à peine moins de 4 mois d’exportations. A ce tableau s’ajoute le problème de la liquidité. Elle aussi est en nette régression.

Une mesure non-médiatisée

Cette mesure, pourtant diffusée par l’ONICL (Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses) a presque passé inaperçue. Les médias officiels se sont rués sur l’annonce de la subvention d’un milliard des prix du pain. «Le gouvernement Benkirane a beau dire qu’il a un engagement des boulangers de maintenir les prix du pain inchangés mais a-t-il l’engagement des minotiers ?», s’interroge Abdelmalek Afariat, un syndicaliste membre à la Chambre des conseillers.

Les jours à venir seront plein de surprises. Une situation qui n’est sans rappeler celle de la hausse des prix des carburants. Au lendemain du 1er juin dernier, le gouvernement a promis de combattre toute augmentation des produits de consommation ou des moyens de transports mais la réalité était bien autre. Avec cette réduction de 15%, le pain risque d’emboiter le pas à l’essence et aux transports routiers.

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