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Grand Angle

A Milan, la Lega Nord veut fermer le consulat marocain

A quelques jours des élections régionales en Italie, une quinzaine de membres de la Lega Nord (Ligue du Nord), parti d’extrême droite, dont Mario Borghezio, eurodéputé et figure phare du néo-fascisme en Italie, ont manifesté devant le consulat du Maroc à Milan.
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« Ceci est Milan, pas Marrakech » n’était qu’une des paroles insultantes scandées vendredi dernier à destination des autorités marocaines. Borghezio a affirmé que la Lega Nord n’allait « plus accepter la saleté et le chaos créé par les Marocains. » Déroulant du ruban de sécurité, les extrémistes voulaient symboliser la fermeture du consulat pour « arrêter l’invasion » des Marocains en Italie. Sur la question d’une journaliste sur les raisons de cette haine, un militant commente sans grand recul : « Ceci est la position du parti et je m’identifie à mon parti.»

Incroyables propos devant la représentation officielle du Maroc, mais ce ne sont pas des propos isolés. A Milan, la Lega Nord ne cesse de faire des déclarations scandaleuses. Après avoir demandé des trames de métro réservées au Milanais « de souche », la Lega a voulu instaurer une sorte de milice pour « sécuriser » la ville. Mario Borghezio, ce néo-fasciste condamné en 1993 à 750 000 lires (un peu moins de 400€) pour avoir battu un enfant marocain a été élu au parlement européen en 2008 et semble voir son rôle aujourd’hui dans la diffusion d’idées xénophobes au niveau européen. Il a ainsi participé à des meetings politiques en amont des élections régionales en France, soutenant notamment « Alsace d’abord », parti d’extrême droite faisant 5% des voix.

Une hostilité de plus en plus grande envers les migrants se répand dans de grandes parties d’Italie. Une étude présentée au Parlement italien en février de cette année a même établi que 47% des jeunes 18-29 ans en Italie étaient intolérants voire racistes. Ceci explique les succès électoraux de la Lega Nord : plus de 8% aux élections législatives en 2008. Au niveau local, 5 mairies et 13 provinces sont dirigées par des membres de la Lega Nord.

Le contexte politique en Italie ne laisse pas croire que ce soutien d’idées racistes soit un phénomène passager. Même le premier ministre du pays, Silvio Berlusconi, exprime ouvertement son intolérance envers les migrants. Concernant encore une fois la ville de Milan, il a affirmé en juin dernier : «Certains veulent une société multiethnique et multiculturelle, mais nous ne sommes pas de cet avis. Par exemple, quand on marche dans le centre d’une ville comme Milan, le nombre important de personnes non italiennes donne l’impression de ne pas être dans une ville européenne ou italienne, mais dans une ville africaine. Et nous n’acceptons pas cela. »

Dimanche prochain, des élections auront lieu dans 13 des 20 régions du pays. Depuis la fin des années 90, de plus en plus de compétences ont été dévolues de l’état central aux régions, faisant des élections régionales un enjeu important de la vie politique italienne. Critiquant la préparation des élections, l’auteur italien Roberto Saviano a proposé récemment de mettre ces élections sous contrôle d’observateurs de l’ONU pour pouvoir assurer un vote honnête. Mais même si le vote sera honnête et transparent, nous risquons d’assister à une montée en puissance de la Lega Nord, faisant d’elle un parti de plus en plus représenté dans toute l’Italie et non seulement dans les régions du nord. Ainsi, des actions et propos tels que ceux de Borghezio devant le consulat du Maroc à Milan pourraient se voir légitimées sur tout le territoire.
Reportage sur la manifestation devant le consulat marocain



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