A l’heure où la presse marocaine analyse dans un sentiment d’autosatisfaction non dissimulé les chiffres des retours des Marocains d’Europe par grand port, le bilan global, rendu, le 15 septembre 2012, par la Protection civile espagnole est bien moins reluisant. Le nombre de personnes à avoir traversé le détroit de Gibraltar, par navire, quittant l’Europe pour retourner au Maroc, le temps des vacances, a baissé de 4,6% ente le 15 juin et le 15 septembre 2012 par rapport à 2011.
Cette baisse est toutefois légèrement moins forte qu’elle ne s’annonçait quelques jours à peine avant la clôture de l’opération «salida» - la période pendant laquelle les Marocains de l’étranger arrivent au Maroc. Entre le 15 juin et le 13 août, les chiffres de la protection civile espagnole indiquaient 5,9% de baisse par rapport à la même période en 2011. Les derniers jours ont contribué à rectifier le tir. Des Marocains ont choisi de revenir juste à temps pour passer l’Aïd el fitr en famille au Maroc et profiter ensuite de leurs vacances hors ramadan.
Des lignes désertées
Les lignes Algésiras-Tanger et Algésiras-Sebta qui représentent à elle seules 66,9% du total du trafic depuis l’Espagne jusqu’au Maroc n’ont pas connu de baisse de fréquentation. D’autres lignes, au contraire, ont été désertées. Le trafic aller passager est en baisse de 52,4% entre Alméria et Nador, 28,3% pour Malaga-Mélilia et 17,7% entre Tarifa et Tanger.
L’ouverture de nouvelles lignes entre Motril et Al Hoceima, et Motril et Mélilia, ainsi que le renforcement des rotations entre Almeria et Mélilia, et Malaga et Mélilia, n’a pas permis de compenser les fortes réductions de rotations sur toutes la autres lignes, notamment avec l’absence de la société nationale marocaine, la Comarit. La société GNV ne l’a remplacée que sur les lignes Sète-Tanger et Sète-Nador qui ne sont pas comptabilisées dans les chiffres de la protection civile espagnole.
En tombant en plein milieu de la période estival, le ramadan a structuré les périodes d'arrivées et de retours. Il permet d’expliquer le retard pris en début de saison. Au 10 juillet, la baisse du trafic était de 15,8%. Ensuite, il a connu trois pics : l’un au début du mois de juillet, puis trois au début du mois d’août et peu avant l’Aïd el fitr. Le mois de ramadan peut également expliquer la baisse globale des retours par Gibraltar.
2011, année de crise ?
Par Gibraltar seulement, car il est difficile de mesurer l’ensemble du nombre de retours des MRE au Maroc cet été, que ce soit par navire ou par avion, puisque la fondation Mohamed V n’a toujours pas publié ses propres chiffres. L’avion aura-t-il permis à compenser la baisse du trafic maritime sur Gibraltar, où faut-il s’attendre à une baisse du nombre de retours global ? 2012 va-t-elle finalement bien être la première année de baisse du nombre de retours, après un ralentissement noté ces dernières années ?
Les années qui viennent verront l’éloignement progressif du mois de ramadan de la période estivale. Il sera alors possible de mesurer si cette baisse est conjoncturelle, liée à l’effet ramadan, ou même à la crise économique européenne, ou bien structurelle. Dans ce dernier cas, le Maroc devrait alors se préparer à palier le déficit que cette baisse engendrerait pour l’économie nationale ou lutter pour attirer les MRE vers le Maroc.