Le Maroc fait preuve de zèle dans sa lutte contre l’immigration illégale. Les forces de l’ordre opérant à Nador multiplient les arrestations des candidats à sauter la barrière séparant cette ville de Mélillia. L’ONG Prodein de Mélillia avance, en effet, le chiffre d’un millier de Subsahariens évacué de force de la forêt et transféré à 10 kilomètres de Nador. La foret de Grougrou à Nador n’est plus un refuge pour les Subsahariens en embuscade pour franchir la frontière de Mélillia, seuls quelques personnes ont pu échapper de tomber dans les filets de ces rafles.
Un durcissement qui signifie la fin de la politique de tolérance, menée jusqu’au là par les autorités marocaines. Désormais, elles se complaisent parfaitement à endosser le rôle du gendarme de l’Espagne en poursuivant les Subsahariens.
Une mission dont le moment phare fut la collaboration avec les autorités du voisin du nord pour déloger quelques 83 Subsahariens du Rocher, Tierra, seulement à une trentaine de mètres d’Al Houceima, et occupé par l’Espagne. Pire encore, le Rabat, a rapatrié vers ses terres 73 africains contre uniquement 10 pour Madrid.
Une coopération qui profite amplement au gouvernement de Rajoy. Elle lui assure, au moins, une accalmie sur le front de l’immigration clandestines, et ce, grâce au Maroc. En échange, les responsables espagnoles annonce des déclarations, en apparence, proches des positions de Rabat sur le Sahara.
L’ONG Médecins sans frontière inquiète
Cette politique de la main dure du Maroc contre les Subsahariens est, également, dénoncée par la section marocaine de Médecins sans frontière. Bien avant l’opération, du 3 septembre à l’îlot Tierra, l’ONG a sonné le tocsin sur ce qu’endurent les candidats à l’immigration en Espagne sur le territoire national. Un rapport rendu public le 5 septembre note que «depuis la fin du mois d’avril, les équipes MSF ont pris en charge un nombre croissant de victimes de violence dans la région. Entre avril et juillet, le pourcentage de personnes traitées dans les cliniques mobiles de MSF à Nador pour des blessures liées à la violence a plus que doublé, passant de 15 à 34%»».
Le chef de mission de MSF, David Cantero déclare que «bon nombre de personnes que nous avons pris en charge s’étaient blessées en fuyant une arrestation ou en essayant de franchir des clôtures. Cependant, ces derniers mois, un nombre croissant d'entre eux nous ont avoué que leurs blessures provenaient de maltraitance de la part des forces de sécurité alors qu’ils tentaient de pénétrer en Espagne.»
La question migratoire sera, par ailleurs, au cœur des discussions du 3 octobre à Rabat, entre le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane et son homologue espagnol Mariano Rajoy lors de la réunion de la haute commission maroco-espagnole.