Dix jours après le drame de Tichka ayant coûté la vie à une quarantaine de personnes, la société civile de la région se mobilise. Elle compte organiser le 22 septembre, au palais des congrès de Ouarzazate, un meeting réclamant, essentiellement, la construction d’un tunnel dans la montagne du Haut Atlas, devant relier les localités Asgaour et Tagadirt en vue de faciliter la circulation dans la Sud-Est du Maroc et, à coup sûr, améliorer «la qualité de vie de la population de Ouarzazate, Tinghir, kelâat Mgouna, Boulman Dadès, Tagounit, Mhamid, Zagora, Agdz et Tata», lit-on dans la plateforme du collectif des ONG.
Des villes dont certaines sont victimes d’une marginalisation programmée, et ce, pendant des décennies. C’est la raison pour laquelle, elles figurent dans le plan, initié par l’Instance Equité et Réconciliation et suivi plus tard par le CCDH et le CNDH, de la réparation collective. Sachant que Agdz ou Kelaât Megouna avaient abrité, durant les années de plomb, des prisons réservées aux militaires putschistes et à des détenus politique de l’extrême gauche.
Les initiateurs de cet appel en faveur du tunnel Tichka affirment qu’«il s’agit bel et bien d’une dette historique, envers une région qui a longtemps été marginalisée et constituait plutôt une zone des centres de détention et d’indisciplinés de tous les secteurs ! Il est temps de remettre les pendules à l’heure»
«Le tunnel est un droit»
Le projet de la construction d’un tunnel dans une région si escarpée remonte à plus d’une trentaine d’années. En 1974, la première étude de la faisabilité a été lancée. Et puis c’est le silence total jusqu’en 1996 pour que le département de l’Equipement et des Transports initie une enquête afin d’évaluer le coût financier et la faisabilité technique d’un tel projet. Une initiative qui a subi le même sort que sa précédente : l’oubli. En 2006, une nouvelle tentative, menée cette fois, par le conseil de la région Souss-Massa-Daraâ n’a guère dépassé le stade de l’étude.
«Si les technicistes du département de l’Equipement estiment que le coût est élevé, nous répondons sur le champ qu’il s’agit d’un DROIT et non d’un privilège à considérer selon les revenus économiques purs. Aussi grand sera le coût financier, aussi vital est la mise en œuvre de cet ouvrage. Si l’on compare les chiffres avancés aux importants dommages socio-économiques provoqués chaque année par les fréquentes coupures de la route nationale No 9 dans les saisons enneigées, aux accidents et drames fréquents, au sentiment d'enclavement dont les retombées psychologiques sur les populations locales sont à prendre en considération, nous saurons que cela vaudrait le coup d'entreprendre un tel projet», clame les promoteurs de l’appel. Le tronçon de Tichka est l’œuvre des Français, en 1924.
Il semble que, pour le moment, la construction du tunnel ne figure pas parmi les priorités du ministère de Aziz Rebbah. Le responsable gouvernemental s’accroche au facteur humain et à l’état mécanique de l’autocar pour expliquer l’accident du 3 septembre, arguant que depuis 2005, ce passage n’a connu qu’un seul accident.