La crise économique mène tout droit au cimetière. Après les câbles électriques volés au bord des chemins de fer marocains, les experts en vol de métaux ont trouvé de nouveaux endroits à piller pour arrondir leurs fins de mois. Ils s’en prennent désormais aux cimetières européens du Maroc. Le cimetière européen de Rabat a été pillé la semaine dernière. L'un des jardiniers du cimetière a fait savoir samedi dernier à l’AFP qu’une dizaine de tombes avaient été récemment vandalisées par des inconnus qui ont brisé les dalles en ciment des tombes afin d’arracher les poignées en cuivre des cercueils, un métal précieux qui atteint aujourd’hui les 7600 dollars la tonne.
7600 dollars la tonne de cuivre
Ce n’est pas le premier acte de vandalisme de ce genre qui s’est produit dans un cimetière chrétien au Maroc. Le dernier date du mois de juillet dans le cimetière européen d’El Hank à Casablanca accueillant plus de 500 tombes d’étrangers chrétiens ayant vécu au Maroc, nous a appris le président d’une association de Français de Casablanca qui a souhaité garder l’anonymat.
Au total, près de 85 portes de chapelles en métal, des maisonnettes accueillant les caveaux familiaux fermées à clé, ont été arrachées et transportées hors du cimetière en pleine nuit. Le vol s'est déroulé devant les gardiens qui n’ont rien pu faire pour arrêter les voleurs qui les avaient menacés. «Les gens qui ont fait ça cherchent avant tout à se faire de l’argent avec le métal qu’ils pourront trouver dans le cimetière. C’est lamentable, c’est comme si vous marchiez dans une rue et que toutes les portes des maisons étaient arrachées», lance le président de l'association. Suite à ces vols, les autorités de la ville de Casablanca ont ordonné l’ouverture d’une enquête et le dossier a été pris également en charge par le consul de France à Casablanca.
Pas de profanation
Pour le président de cette association, il s’agit bien d'actes de vandalisme et non de profanation de tombes car aucune tombe n’a été déterrée et que l'intérieur des cercueils est resté intact. «Même si les actes commis dans le cimetière chrétien de Rabat sont bien plus graves que ceux commis dans celui de Casablanca, on ne peut pas parler de profanation, mais on ne peut pas rester insensible à ces actes graves commis sur un lieu où reposent des morts», estime-t-il.
Il a dû contacter à l’étranger les familles des parents reposant dans le cimetière pour les informer du vol des portes des chapelles. Les familles ont vécu cela comme une seconde mort. Inquiètes, elles se sont également demandées si ces actes n’avaient pas de lien étroit avec l'arrivée du PJD au pouvoir qui aurait pu encourager des individus à commettre des actes anti-chrétiens au royaume. Le président de l’association de Français de Casablanca a tenté de les rassurer : «ce n’est pas le cas. On n’est pas encore arrivé à ce stade», leur a-t-il répondu.
Les policiers sont-ils sur le point d’arrêter ces voleurs de métaux ? Difficile de le savoir. Le président confie n’avoir eu aucune nouvelles des suites de l’enquête policière déplorant la lenteur des investigations. Il souhaiterait que les autorités locales marocaines prennent plus au sérieux ces actes de vandalisme commis dans des cimetières chrétiens comme le font les autorités françaises lorsque des tombes musulmanes ou juives sont attaquées ou profanées.