L’agression du correspondant de l’AFP, mercredi 22 août, à Rabat, par les forces de l’ordre, continue de faire des remous. Le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, et son collègue à l’Intérieur, Mohamed Laenser, ne jouent pas la même partition. Le premier s’est empressé de présenter les excuses de son gouvernement à la direction générale de l’AFP, annonçant même l’ouverture d’une enquête des services de Mohamed Laenser. Ce dernier, pour marquer son opposition à une telle initiative, a publié, hier, jeudi 23 août, un communiqué relayé par la MAP, dans lequel il défend clairement l’action de ses éléments.
«Au moment de l’intervention des forces de l’ordre, l’intéressé [le correspondant de l’AFP, ndlr] n’a, à aucun moment, décliné sa qualité de journaliste tout en observant à l’égard desdites forces une attitude arrogante et provocatrice et en opposant une résistance aux injonctions des agents de l’ordre qui lui demandaient de quitter les lieux, sachant que les éléments des forces de l’ordre l’ont pris pour un manifestant du fait qu’il portait un sac à dos à l’instar de la majorité des manifestants», souligne le communiqué. Le ministère de l'Intérieur ajoute que «des témoins oculaires auditionnés par des procès-verbaux réguliers, ont confirmé les faits ci-dessus relatés». Le texte se montré très avare en informations concernant ces témoins.
Excuses à l’AFP française, non au journaliste marocain
Cette version du département de l’Intérieur est contredite par la photographe Zoulikha Assidoune, travaillant pour le compte du quotidien de l’USFP, Al Ittihad Ichtiraki. Elle affirme que «le photographe Abdelhamid Bziouate d’Assabah a crié en vain pour alerter les forces de l’ordre que Omar Brouksy était le correspondant de l’AFP». Son intervention lui a value d’être également tabassée par la police.
Quant aux excuses du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, à l’AFP, Zoulikha tient à préciser qu'«El Khalfi les a présentées à la direction générale de l’agence française et non pas au journaliste marocain travaillant dans une entreprise de presse française». Ce qui explique, selon elle, que le ministre ne se soit pas non plus excusé auprès des autres journalistes marocains parce que «tout simplement nous sommes des Marocains».
Par ailleurs, à l’heure où sont écrites ces lignes, les journalistes et les photographes victimes de violences, mercredi, lors de la manifestation des opposants à la cérémonie d’allégeance, n’ont déposé aucune plainte. Hier, jeudi, dans un communiqué, le syndicat de la presse a invité Zoulikha Assidoune, Abdelhamid Bziouate, Hamzaoui, respectivement photographes d’Al Ittihad Ichtiraki, d'Assabah et de Al Massae ainsi que les journalistes : Omar Brouksy (AFP) et Benbiche du site febrayer.com, à déposer plainte contre les forces de l’ordre.