Le discours du roi Mohammed VI, à l’occasion du 59ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, a consacré une place importante à la jeunesse d’ici et d’ailleurs. Le prochain conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative verra la présence de représentants de la communauté marocaine installée à l’étranger, a-t-il promis. Des MRE siègeront, également, dans les autres conseils prévus par la constitution du 1er juillet 2011, tel le conseil pour la parité ou celui de la famille et de l’enfance.
«De plus, nous veillerons à donner pleine effectivité aux dispositions de la Constitution qui vous assurent une participation aussi étendue que possible à la construction du Maroc de demain, et une présence active dans les instances dirigeantes d'institutions nouvelles», a promis le monarque. En revanche, le souverain n’a pas parlé de participation directe et effective dans les élections communales ou législatives. Actuellement, le droit des MRE au vote se fait par procuration, comme c’était le cas lors des législatives du 25 novembre 2011.
Droit de vote en Europe
Par ailleurs, le roi a dit soutenir «les efforts d’intégration» des MRE «dans les sociétés d’établissement, en travaillant avec les autorités des pays d'accueil à rendre effectif le droit de vote des étrangers aux élections locales sur la base de la réciprocité». Une perspective qui pourrait aider des centaines de milliers de MRE à être de véritables acteurs politiques dans certains pays d’Europe. L’article 30 de la nouvelle loi fondamentale stipule, en effet, que «les étrangers jouissent des libertés fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains, conformément à la loi. Ceux d’entre eux qui résident au Maroc peuvent participer aux élections locales en vertu de la loi, de l’application de conventions internationales ou de pratiques de réciprocité».
Des dispositions reconnues, d’ailleurs, par François Hollande lors de la campagne présidentielle en France. En revanche en Espagne, les autorités locales se méfient d’une telle perspective. Elles craignent que le Maroc ne donne des consignes de vote à sa communauté en faveur d’une force politique locale contre une autre.
La partie consacrée par le roi aux Marocains du monde intervient dans un contexte marquée, d’une part, en Europe par la crise économique qui affecte également les MRE, preuve en est la baisse de leurs transferts sur le second trimestre de cette année de 5%, selon Nizar Baraka, le ministre des Finances, et d'autre part par l’arrestation de quelque 130 membres de la police, gendarmerie et de la douane à la suite de plaintes déposées par des MRE pour mauvais traitements aux postes frontières.
«La jeunesse n’est pas une charge»
Le discours du 20 août a accordé une place importante aux jeunes qui «souhaitent l'émergence des conditions optimales à leur plein épanouissement et leur aptitude à prendre en charge les responsabilités. Ils ambitionnent légitimement une meilleure insertion sociale et professionnelle, notamment par un accès privilégié à l'emploi». Un accès souvent difficile et qui est à l’origine de nombre de manifestations et de confrontations entre jeunes et forces de l’ordre.
Le conseil consultatif de la Jeunesse et de l'Action associative, qui verra le jour prochainement, est appelé à faciliter l’émergence d’une nouvelle élite politique. Un objectif dont la réalisation est souvent empêchée par une mentalité sclérosée aux commandes des formations politiques. Preuve en est le quota réservé aux jeunes au parlement qui est une initiative de l’Etat et non pas des directions des partis.
Le souverain a par ailleurs insisté sur la préparation d’une «une stratégie globale qui mettrait fin à la dispersion des prestations fournies actuellement à notre jeunesse, et d'adopter une politique intégrée qui associe, dans une synergie et une convergence, les différentes actions menées en faveur des jeunes». Des orientations qui demandent leurs applications sur le terrain par le gouvernement. C'est là une autre affaire.