Une marocaine, qui cherchait à se réfugier en Espagne avec ses deux enfants pour échapper à la violence de son mari algérien, vient de se voir refuser sa demande d’asile par le Tribunal Suprême de Madrid, rapporte le site espagnol ABC.es. Pour justifier son refus, ce dernier a invoqué, dans son verdict, le «manque de preuves» et les «contradictions substantielles» dans les témoignages livrés par la requérante.
Ses déclarations «ne sont avalisées par aucun élément de preuves tangibles, pas même un indice», stipule le jugement émis par le Tribunal. En ce sens, l’instance fait valoir le fait «qu’aucune indication de l’existence réelle d’abus» n’a été relevée, «l’appelante n’ayant pas même portée plainte auprès des autorités, du corps médical ou des services sociaux marocains, ce qui aurais permis de vérifier, au moins de manière indirecte, que ces actes ont bel et bien été commis.»
Dans sa décision, le Tribunal met également en exergue des «contradictions substantielles» dans le témoignage de la jeune femme, en particulier en ce qui concerne l’histoire de son entrée au Maroc en 1999, date à laquelle cette dernière prétend avoir quitté l’Algérie avec ses enfants pour fuir son mari. «Une femme et ses deux enfants ne peuvent pas passer le contrôle de frontières en se faisant passer pour porteur, car cela exige les passeports marocains dans lesquels il aurait été spécifié qu’elle réside à Tétouan» explique le Tribunal.
Fuir un mari violent
Dans son témoignage, la marocaine déclare être entrée à Sebta en août 2008 avec ses deux enfants pour échapper «a des problèmes d’insécurité d’ordre familiaux – un mauvais traitement» en l’occurrence.
De fait, pour comprendre l’histoire dans sa globalité, il faut remonter à 1992. Cette année-là, F.J – ses initiales– rencontre un homme d’origine algérienne qu’elle épouse à Fès et décide ensuite de suivre en Algérie. De cette union naissent deux enfants, deux fils. La femme est comblée. Mais aux joies de la maternité se substituent progressivement une crainte réelle, profonde : celle d’un mari de plus en plus violent, qui «l’insulte et l’attaque physiquement».
Arrêté un temps, ce dernier est contraint de ne plus l’approcher et c’est donc son beau-frère qui prend le relais des agressions en s’en prenant à elle et à ses enfants. Après une tentative d’assassinat ratée de la part de ce dernier, la marocaine décide, en 1999, de repartir vivre avec ses enfants chez ses parents à Fès, où elle reste jusqu’en 2008, date à laquelle l’un de ses fils lui dit qu’il vient de rencontrer dans la rue «un homme algérien qui a demandé où il habite». Terrifiée, la femme décide de nouveau de fuir dans une autre ville marocaine, emmenant avec elle ses enfants. La famille reste cachée dans cette ville jusqu’au 17 août, jour où elle entre clandestinement à Sebta, cachée entre les porteurs.
En septembre 2008, la femme, qui s’est établie entretemps avec ses deux fils à Séville, demande asile au gouvernement espagnol, apportant des preuves de résidence et de scolarisation de ses enfants pour appuyer sa demande. Demande qui vient d’être rejetée aujourd’hui, mardi 14 août.
Demande d’asile dans la Constitution espagnole
Comme le rappelle le site ABS.es, la Constitution espagnole stipule qu’est «reconnu comme réfugié – et , par conséquent, est accordé d'asile – tout étranger qui, en raison du bien-fondé d’une crainte de persécution fondée sur la race, la religion, la nationalité, l'appartenance à un groupe social particulier ou ses opinions politiques, se retrouve hors du pays de sa nationalité ; et qui ne peut ou ne veut, du fait de cette crainte, se réclamer de la protection de ce pays. "