France : Les lieux de culte musulman dérangent de plus en plus

Selon un sondage réalisé sur « Les Français et la construction des mosquées et des minarets en France » par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) pour le Figaro, 46 % des Français sont pour l’interdiction des minarets. Près de 40 % leur sont favorables alors que 14 % ne se prononcent pas. Pour les mosquées, ils sont 41 % (des sondés) à s’exprimer contre l’édification des lieux de culte musulman contre 22% en 2001 (période post-11 septembre comprise). Une faible proportion (19 %) est prête à accepter les mosquées si les fidèles les demandent. « En 2009, avec le retour des tensions, l'opinion s'est radicalisée sur la place de l'islam en France et se prononce clairement contre sa visibilité », commente Jérôme Fourquet, responsable du sondage. Selon lui, « les Français sont partagés, mais la crispation autour de l'islam n'a jamais été aussi forte. ».

Pire encore ! La majorité des opposants aux lieux de culte musulman sont les électeurs de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007. Ils sont 48 % des partisans de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) à refuser la construction de mosquées et 55 % pour les minarets. Chez les Socialistes et au sein du MoDem de François Bayrou, ils sont 25 % (mosquées) et 33 % (minarets).

D’ailleurs les déclarations dans le camp du parti présidentiel après le vote suisse montrent clairement que leurs discours contrastent avec la réalité voulue par les Français. Le président de la république en personne, Nicolas Sarkozy aurait déclaré le mardi soir, au cours d'une réunion avec des députés UMP, que « les gens, en Suisse comme en France, ne veulent pas que leur pays change, qu'il soit dénaturé. Ils veulent garder leur identité. Ces propos ont été rapportés à l'AFP par l’un des députés participants à la rencontre, avant qu’ils ne soient confirmés par plusieurs autres.

Depuis dimanche, les barons de l’UMP multiplient les sorties. Mais leur peloton est plus que jamais divisé. Xavier Bertrand, porte-parole de l'UMP a admis dimanche sur RTL qu’on n'avait pas « forcément besoin » de minarets en France. Le lendemain, le chef du groupe parlementaire UMP, Jean-François Copé, tente de calmer le jeu au micro de France Info : « il ne faut pas en faire un débat national.». Eric Besson, ministre de l’Immigration et de l’identité nationale est allé dans le même sens. Pour lui, il faut « qu'on évite ce type de débat... ». La burqa est « un sujet de principe car il touche à la dignité de la femme », mais les minarets ne relèvent que de « l'urbanisme », a-t-il ajouté. Pourtant, la burqa, la mosquée ou les minarets, appartiennent tous à la religion islamique. Au delà du débat sur l’identité nationale qui a fait déraper André Valentin, maire UMP de Gussainville, c’est l’islam (on clame islam radical) même qui est perçue comme une menace en France. Sur son site internet, le Figaro a posé mardi la question « Faut-il interdire la construction de nouveaux minarets en France ? ». Sur 49243 votants, 73 % ont approuvé la prohibition des tours des mosquées.

Cependant, c’est tout le Vieux continent qui est sur le qui-vive. Le Figaro nous apprend qu’en Allemagne, l’hebdomadaire d'investigation, Der Spiegel a obtenu dans les mêmes conditions 78 % d'opposants aux minarets. Le mois dernier, la droite populiste à Rotterdam s’était levée contre la mosquée Essalam, dont la construction n’est pas encore achevée. Ailleurs en Autriche, le Parti de la liberté, le FPO, mène campagne depuis un certains temps (mais sans véritable succès) afin d’inscrire l’interdiction de l’édification de minarets dans la Constitution autrichienne.