Driss Jettou revient sur le devant de la scène politique. Le roi Mohammed VI a nommé, hier, l’ancien premier ministre (9 octobre 2000 au 15 octobre 2007) à la tête de la Cour des comptes à la place d’Ahmed Midaoui. Un retour en grâce après presque cinq ans d’attente d’une nouvelle mission. Et pourtant l’homme est connu pour sa compétence.
Juste après son départ de la primature, des informations donnaient Jettou au cabinet royal en tant que conseiller, sauf que le courant ne passait pas entre lui et quelques membres de l’entourage du monarque. L’ancien premier ministre avait subi pendant deux ans les assauts de ces derniers qui voulaient le déloger de la primature. Des médias, notamment 2M, étaient même impliqué dans cette campagne contre Jettou. En 2011, alors que le Conseil économique et social était sur le point d’être mis sur les rails, le nom de Jettou était cité pour occuper sa présidence. Finalement, C’est Chakib Benmoussa qui est propulsé aux commandes du CES.
Très proche des islamistes du PJD
La désignation de Driss Jettou à la présidence de la Cour des comptes devrait réjouir la direction du PJD. La relation des islamistes avec l'ancien premier ministre est même très bonne. Pour mémoire, C’est le même Jettou qui avait fait un cadeau aux «frères» de Benkirane en incluant leur bras syndical, l’UNMT (Union nationale marocaine de travail), dans les rounds du dialogue social alors qu’elle ne répondait même pas au critère requis pour faire partie des grandes centrales syndicales : avoir 6% de représentativité nationale lors des élections professionnelles. En signe de reconnaissance de cette "générosité", les islamistes avaient beaucoup réduit le nombre de grèves qu’ils lançaient.
Cette nomination est à même de normaliser les relations entre le gouvernement et la Cour des comptes. Le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, s’était plaint en avril du manque de coopération de cette institution avec son département. Devant une commission au parlement, il reconnaissait que l’ancien président du CC, Ahmed Midaoui, ne répondait même pas à ses appels téléphoniques.
Jettou estimé à l'étranger
Ce retour en grâce de Driss Jettou sera, sans aucun doute, bien accueilli dans les capitales étrangères, notamment en Europe et aux Etats-Unis où l’homme bénéficie d’un capital d’estime important. Justement, c’est cette position privilégiée qui lui avait permis d’assumer son mandat jusqu’à son terme.
Jettou reste, jusqu’à présent, le seul premier ministre marocain qui a fait un déplacement, janvier 2004, à Washington en sa qualité d’invité du gouvernement américain. Une visite au cours de laquelle, Jettou avait eu des entretiens avec les hommes clés de l’administration Bush : le vice-président, Dick Chenney, la conseillère du président pour la sécurité nationale, Condoleeza Rice, et le secrétaire d’Etat Colin Powell.