Le tribunal de Cologne, en Allemagne, a fait des émules. L’Hôpital de l’enfance de Zurich vient en effet d’annoncer la suspension provisoire des opérations de circoncision «sur des enfants qui n’ont pas encore l’âge de discernement», rapporte le site 20minutes.ch.
Cette décision intervient un mois à peine après que le tribunal de Cologne a décidé d’interdire la circoncision pour motif religieux, estimant que celle-ci représentait une blessure corporelle volontaire infligée à l’enfant, un acte passible de condamnation.
Le jugement, qui pourrait faire jurisprudence en Allemagne, avait suscité un véritable tollé au sein des organisations juives et musulmanes du pays, poussant les autorités allemandes à ouvrir un moratoire sur le sujet. Ce jeudi pourtant, les députés du Bundestag viennent de jeter de l’huile sur le feu en votant majoritairement en faveur d’une loi qui encadre la circoncision religieuse. Cette dernière garantit le droit de circoncire l’enfant tant que celui-ci ne provoque pas de «souffrances inutiles».
«Une réaction basée sur la peur»
Du côté sud de la frontière allemande, côté Suisse, la décision de Cologne semble séduire, si bien que l’Hôpital de l’enfance à Zurich a, à son tour, décidé de suspendre les circoncisions. Pour l’une des porte-paroles de l’établissement, qui pratique «seulement une à deux circoncisions d’origine religieuse par mois», cette décision est une mesure prophylactique :
«Nous sommes en train d’évaluer la situation juridique en Suisse, mais aussi l’aspect éthique. Il y a par exemple des situations compliquées où la mère d’un enfant veut une circoncision alors que le père y est opposé.»
L’établissement zurichois craint en effet que ce genre d’opération puisse donner lieu à des poursuites pénales en Suisse. «Une commission a été engagée pour évaluer les aspects éthiques et juridiques autour de cette thématique», a expliqué le porte-parole de l’hôpital, Marco Stücheli, à 20 minuten.
Pour la vice-présidente de la Fédération suisse des communautés israélites, Sabine Simkhovitch-Dreyfus, cette réaction est «basée sur la peur». Elle la juge «tout à fait inadaptée», rappelant par ailleurs que «la circoncision religieuse est une pierre angulaire du judaïsme.»
La circoncision : «nouvelle Shoah» ?
Si la porte-parole des intérêts de la communauté juive en Suisse regrette les craintes infondées vis-à-vis de la circoncision religieuse, d’autres, comme le président d’honneur de la Communauté israélite de Vienne (Autriche), Ariel Muzicant, n’hésitent pas à en condamner vertement l’interdiction :
Il s’agit d’une «nouvelle tentative de Shoah, une extermination du peuple juif, mais cette fois-ci avec des moyens intellectuels» s’exclame-t-il.
Pour lui, comme pour de nombreux juifs et musulmans d’Autriche, la décision de plusieurs hôpitaux publics du land de Vorarlberg, à l’extrémité occidentale de l’Autriche, de suspendre la pratique de la circoncision religieuse est tout bonnement irrecevable. D’où cette montée au créneau des plus virulentes.
Evidement, la comparaison avec la Shoah peut sembler outrancière de prime abord. Ce faisant, elle traduit en creux une crainte plus profonde : celle pour ces communautés de se voir de nouveau mises à l’index. Dans un contexte d’islamophobie qui va galopant, la communauté musulmane est trop bien placée pour ne pas le comprendre.