C’est Mohamed el Kettani, le Président Directeur Général d’Attijariwafa Bank qui a été le premier à intervenir lors de la conférence «Evolutions de l’économie marocaine dans un contexte de reconfigurations mondiales» organisée à Casablanca, lundi dernier. Il a d’abord rappelé les grandes avancées marocaines de ces dernières années, notamment la création de l’Instance Equité et Conciliation, la réalisation du Port de Tanger Med, le lancement des stratégies sectorielles, la baisse du chômage qui est passé de 13-14% en 2000 à 9-10% actuellement ou encore l’enveloppe de 188 milliards de dirhams prévue par le gouvernement en 2012 pour investir dans les infrastructures du pays comme les transports ou les télécoms.
«Quand tu ne sais pas où aller, regarde d’où tu viens»
Mohamed el Kettani a également tenu à préciser qu’avec la crise qui touche actuellement l’Europe, il était fondamental pour le Maroc de faire preuve d’audace et de chercher d’autres leviers de croissance. «Parmi ces leviers de croissance, il y a en a un, qui se distingue à mon sens, c’est celui de l’Afrique, notre propre continent. Comme disait l’adage «quand tu ne sais pas où aller, regarde d’où tu viens (…) après l’Europe de l’Est et l’Asie, il semble que l’Afrique soit désormais la «nouvelle frontière» du monde.», a-t-il lancé. L’occasion d’inviter les chefs d’entreprise et opérateurs économiques présents dans la salle a sauter le pas et à investir en Afrique leur proposant qu’Attijariwafa Bank les accompagne pour aller à la conquête des marchés africains.
Maillon de la chaîne
De son côté, Nizar Baraka, le ministre de l’Economie et des Finances a axé son allocution sur la manière d’améliorer la compétitivité des entreprises marocaines et notamment les PME-PMI. «L’appui à la PME se fera à travers la commande publique en lui réservant 20% du montant total des marchés publics au titre d’une année budgétaire», a-t-il déclaré.
Le ministre a également appelé les pays européens à ne pas se refermer sur eux en cette période de crise et à faire un pas en avant vers le Maroc. «Le Maroc, avec d’autres pays du sud de la Méditerranée constituent pour l’Europe une part de la solution à leur crise économique et non pas, comme le prétendent certains responsables européens, une part du problème. Il est, en effet, grand temps que les pays de l’Europe nous considèrent comme un maillon de la chaîne de valeur nécessaire à l’amélioration de la compétitivité globale pour faire face à la concurrence des puissances démographiques émergentes», a-t-il affirmé faisant allusion notamment à la décision d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif de vouloir rapatrier les calls centers français du Maroc vers la France.
186 signatures nécessaires pour lancer un projet immobilier
Pour Miriem Bensalah-Chaqroun, la Présidente de la CGEM, améliorer la compétitivité des entreprises marocaines doit passer obligatoirement par l’élévation du niveau des compétences. « Nous disposons au Maroc d'un encadrement de qualité, et d'excellentes formations universitaires. Mais sont elles réellement adaptées au monde de l’entreprise ?» s’est-elle interrogée avant d’ajouter : «Un pays à fort niveau d'éducation, n'aura jamais rien à craindre de la compétition internationale.». D’ailleurs, pour insister sur le potentiel des jeunes marocains et du rôle qu’ils pourront jouer à l’avenir au sein du tissu économique marocain, Attijariwafa Bank a invité à cette conférence les 15 meilleurs bacheliers du Maroc de 2012 ayant obtenu les meilleures moyennes générale au bac. La plus haute moyenne est 19.28 Chacun de ses 15 bacheliers s’est vu offrir par le groupe Attijariwafa Bank un chèque de 10 000 dirhams.
Autre point soulevé Miriem Bensalah-Chaqroun : la lutte de l’informel dans l’économie. «Une économie et des entreprises avec beaucoup d'informel, paient un coût d'opportunité insoutenable. Un package complet devra être conçu, incluant des mesures fiscales, de la pédagogie, et la mobilisation des organisations professionnelles, afin d'amener notre tissu économique, à une plus grande transparence.», espère-t-elle.
Enfin, après son allocution, Miriem Bensalah-Chaqroun s’est adressée directement au ministre Nizar Baraka en le titillant et lui demandant de prendre des mesures pour mieux lutter contre la lenteur des procédures administratives, réels freins au développement des entreprises marocaines. «Je voudrais prendre un exemple : pour lancer un projet immobilier, il faut 186 signatures administratives et je pense que c’est en cours d’allégement, ça ne serait tardé, n’est-ce pas M. le ministre ? Je ne vous prends pas à témoin mais presque !», lui a-t-elle lancé, créant des éclats de rire dans la salle.