Mardi à la Chambre des conseillers, Saad Dine El Otmani précisait que «sur la question migratoire, le Maroc refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe, et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas signer l’accord relatif à la circulation des personnes». Lequel comporte, selon le ministre, des dispositions que Rabat juge «inappropriées».
Le chef de la diplomatie faisait allusion aux multiples et pressantes demandes de Bruxelles de conclure un accord pour la réadmission des sans-papiers, majoritairement des Subsahariens, ayant transité par le royaume. Une demande qui figurait déjà sur le Plan d’action (2005-2010) et sur sa seconde version (2010-2015), sans oublier que le Statut avancé accordé, en octobre 2008, au Maroc par l’Union européenne insiste sur cette question.
Face aux conseillers, le ministre des Affaires étrangères est revenu sur les conditions de l’octroi de visas par les ambassades européennes aux Marocains, soulignant au passage qu’il s’agit là d’une «décision souveraine». Et que son département se contente de sensibiliser les chancelleries étrangères accréditées au Maroc «de la nécessité d’améliorer les conditions d’accueil des citoyens marocains».
Sur ce point, Rabat pourrait tirer quelques profits de la volonté de la Commission européenne de parvenir à un accord de libre-échange «global et approfondi». La CE compte, en effet, initier avec les autorités marocaines un dialogue à même de faciliter l’accès des jeunes et des investisseurs à l’espace européen. Ce «cadeau» est assorti de certaines conditions dont notamment l’engagement de Rabat de lutter contre l’immigration irrégulière.
Le Maroc joue le rôle de gendarme de l'Europe
En dépit des affirmations du ministre des Affaires étrangères, le Maroc joue, et depuis des années, le rôle de gendarme. Sur les frontières avec Mélilia et Sebta, des éléments des forces de l’ordre sont stationnés en nombre uniquement afin d’interdire aux Subsahariens qui squattent la forêt de Gourougou à Nador de sauter les barrières métalliques et accéder aux CETI (Centre d’accueil temporaire pour les immigrés) des deux villes. Le 10 juillet un militaire marocain a trouvé la mort alors qu’il tentait d’arrêter des Subsahariens. Chaque jour, la presse espagnole fait état de tentatives d’assaut d’immigrés avortées par la sécurité marocaine, les dernières en date, au nombre de trois, remontent au lundi 23 juillet dernier.