Vendredi dernier, Abdallah Al Asli s’est exprimé devant une juge d’instruction de Toledo (centre de l'Espagne) à l’hôpital national des Paraplégiques. En présence de l’agence de presse espagnole, Abdallah raconte que deux policiers l'ont arrêté et emmené au Commissariat alors qu'il se trouvait avec deux amis sur une place de Guadalajara (à proximité de Madrid). Sans «lui donner aucune explication, ni motif de l'arrêt», les deux agents l’ont mis dans une pièce où ils l’ont «frappé» avant de le «pousser dans les escaliers». Le jeune homme s'est ensuite retrouvé gisant sur le plancher.
Abdallah assure que la dernière chose dont il se souvient, c'est qu'il est tombé au sol. Il n’a «plus aucun souvenir» de ce qui s'est passé jusqu’à son réveil à l’hôpital, après 17 jours passés dans le coma.
La Police avait déclaré tout autre chose
Pour rappel, Abdallah Al Asli, Marocain de 33 ans résident clandestinement en Espagne, avait été arrêté le 1er mars dernier par la police. Suite à son passage au commissariat, il était devenu tétraplégique et les véritables causes de cet état étaient jusque-là ignorées. La police avait fait comprendre qu'«Abdellah s'était jeté, de son plein gré, du haut d’un mur pour ne pas être rapatrié». Mais cette version avait laissé sceptique plus d'un. Les amis d'Abdallah n'y croyaient pas du tout, comme l’a indiqué en mars dernier Nadia Otmani, présidente de l’association El Amal, des Marocains d’Espagne. De plus, certains politiciens espagnols émettaient des doutes quant à la déclaration des officiers de police. Les autorités marocaines aussi étaient montées au créneau, demandant «que toute la lumière soit faite sur cette affaire».
Pour Nadia Otmani, «le cas d’Abdellah fait appel à la jurisprudence espagnole mais aussi à la société civile du pays. Que la version de la police locale s’avère vraie ou erronée, il est victime d’un acte raciste, inhumain et illégal», défendait-elle lorsque la police a fait ses déclarations. Maintenant que la version de la victime se révèle être complètement opposée à celle de la police elle-même remise en cause par les associations et les politiques, quelle tournure prendra l’affaire ? Pour l’instant, Abdallah est en convalescence à l’hôpital pour paraplégiques à Tolède, où il assiste à une rééducation. A présent, il peut parler et jouit de la mobilité de son bras droit. Ce qui lui permet de manier le fauteuil roulant qu’il ne pouvait manier avant qu’avec la bouche.