Quand elles arrivaient, c’était l’euphorie totale. Tout le monde se réjouissait de pouvoir voyager à petit prix vers le Maroc. Mais aujourd’hui, les compagnies low cost quittent le Maroc l’une après l’autre. Le dernier départ en date : la britannique Easyjet. La compagnie a annoncé la suppression de lignes en provenance et à destination du Maroc. Pour cause, la hausse des taxes d’utilisation des aéroports marocains. Ce sont surtout les liaisons avec l'Espagne qui souffriront des fermetures. Pour rappel, Easyjet opérait sur les lignes reliant la capitale espagnole Madrid à Casablanca, Marrakech et Tanger. La compagnie britannique pratiquait des tarifs promotionnels à moins de 50 euros sur les vols à destination du Maroc. A titre d’exemple, lors du lancement de Madrid-Tanger en février 2007, un billet aller était disponible à partir de 24,99 euros.
Coup dur pour le tourisme national
Cette décision intervient juste après celle de Ryanair qui, le 28 juin dernier, supprimait 34 vols vers le Maroc. Tout comme Easyjet, la compagnie irlandaise se plaint de l’augmentation des taxes d’utilisation des aéroports marocains, mais va plus loin. Ryanair juge qu’en laissant passer cette mesure, l’ONDA, Office Nationale Des Aéroports au Maroc, a violée les règles du contrat qui les liait. Selon Ryanair, cette supression de vols devrait entrainer une perte pour le Maroc de 100 000 touristes annuels et entrainer une perte annuelle en dépenses touristiques et des pertes d'emplois pour l'économie marocaine, le tout évalué à 50 millions d'euros.
Par ailleurs, en mai dernier, Jet4you aussi, lors de sa fusion avec la compagnie belge JetairFly, a mis un terme à ses vols Casablanca-Paris, Fès-Paris.
La situation actuelle affole les professionnels. Selon Mohammed Benaazzouz, administrateur de la Fédération Nationale des Agences de Voyages, «la suppression des vols aura certainement un impact négatif sur le tourisme national», rapporte l’Economiste. Déjà, à Marrakech, cœur du tourisme marocain, le bilan est mitigé. Avant même que Easyjet n’annonce sa suppression de vols, les professionnels étaient déjà inquiets. M. Benaazzouz estime qu’en ces temps de crise, il faudra lutter afin d’éviter la suppression d’autres vols et d’assurer la pérennité de la destination Maroc.
Une stratégie aérienne s’impose
D’après les professionnels la stratégie touristique devrait plus que jamais accorder davantage d’importance à l’aérien. «Il est un fait indéniable, nous avons besoin de capacités aériennes supplémentaires pour drainer une clientèle complémentaire et couvrir notre offre litière en constante croissance, écrit Fouzi Zemrani, observateur attentif du secteur du tourisme, dans sa chronique publiée par Tourmag. Pour cela, poursuit-il, nous devons avant tout améliorer l’attractivité de notre destination et non subir le diktat de compagnies qui n’ont pas d’état d’âmes à partir si l’herbe est plus verte ailleurs, (faisant allusion aux raisons avancées par Ryanair)». «Toute stratégie touristique ne pourrait aboutir sans une véritable politique aérienne avec maillage plus dense comprenant le low cost, charters et réguliers», insiste Ali Kassimi, directeur général de Travel Link, agence de voyage spécialisée sur les marchés anglo-saxons. Si le gouvernement ne fait rien d’ici là, les professionnels comptent prendre les choses en main. Ils étudient actuellement plusieurs pistes dont la création d’un fonds d’aide qui pourrait subventionner des sièges pour les tours opérateurs (TO) qui s’engagent sur des charters.