Le cannabis consommé en Europe provient «traditionnellement» du Maroc. C’est ce qui ressort du rapport, publié le 26 juin, de l’Office des Nations –Unies de lutte contre la drogue et le crime (UNDOC). Le 29 mai dernier, à l’issue d’une réunion, à Madrid, entre les ministres de l’Intérieur espagnol et français, les deux responsables se sont donnés un délai de trois ans pour «couper la route au trafic de drogue» en provenance du Maroc .
Cette position de leadership est «menacée» par le cannabis en provenance d’Afghanistan, le premier producteur mondial de cette drogue, et par les espaces de plus en plus importants dédiés à la culture de la fleure verte à l’intérieur de l’Europe, notamment en Belgique, Pays-Bas, Finlande, Danemark et la Grande-Bretagne, comme le souligne un autre rapport, tombé le même jour que celui de l'UNIDOC, de l’agence anti-drogue de l’UE.
Le cannabis profite aux agriculteurs afghans
En l’absence de données fiables, le rapport de l’UNDOC estime qu'en Afghanistan la surface réservée au cannabis est la plus importante par rapport aux autres concurrents. Par exemple au Maroc, il est de 47 400 hectares, Indonésie (422 ha), Sri Lanka (500 ha), Swaziland (633 ha), Ukraine (920 ha) et l’Inde (522 ha).
Le rapport souligne également que le cannabis afghan rapporte beaucoup plus que celui cultivé au Maroc : alors que le premier donne 128 kg par hectares, le second peine à dépasser les 40 kg/ha. Cette différence de rentabilité se traduit immédiatement en chiffres, le producteur afghan du résine de cannabis, selon toujours le même document de l’UNIDOC, gagne annuellement entre 3900 à 4900 dollars.
Concernant le Maroc, le rapport de l’UNIDOC ne fournit aucune estimation. En revanche, des estimations avancent que ce sont les barons de la drogue qui profitent de l’or vert, le petit agriculteur dans les montagnes de Jebala ou du Rif ne récolte, en effet, que des miettes.
Dépénaliser la culture du cannabis, le modèle catalan
Au Maroc, des voix ne cessent de réclamer une dépénalisation de la culture du cannabis, en vain. En Catalogne, la petite commune de Rasquera, petit village d’à peine 1000 habitants, a pris une longueur d'avance. Elle s’est prononcée, en avril, et par référendum, sur cette question. L’issue du vote a donné à plus de 53% à la proposition du maire de louer sept hectares des terres de la commune à l’Association barcelonaise de consommation privée de cannabis (ABCDA), un groupement de fumeurs de haschich, afin qu’elle puisse y cultiver du chanvre indien pour ses 5000 membres. Si le projet de la mairie de Rasquera parvient à se concrétiser, il créera plus de 40 postes d’emploi.