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Tribune

Le Marocain, cet incompris !

Pour le Marocain que je suis, il arrive que je ne parvienne même pas à me situer sur le plan politique ni à voir clair dans mes convictions personnelles. C’est à se taillader les veines à ne plus savoir ce qu’on veut, ni que faire, à force de vouloir changer le monde des autres et ne pas toucher au sien.

Publié
le 6 juin 2010, marche de soutien de la Palestine à Rabat
Temps de lecture: 2'

Le Marocain est ce «révolutionnaire de papier» qui participe à toutes les marches populaires en solidarité avec telle ou telle cause, quitte à les inventer : marche de soutien aux Indiens d’Amazonie, journées solidaires en faveur des Inuits victimes de la dictature du froid … La liste est longue. Après tout, c’est le geste qui compte.

Il faut avouer que le Marocain met du cœur dans tout ce qu’il entreprend. Avec des voix et des slogans à couper le souffle, raisonnant jusqu’à l’autre bout du monde. Cela, grâce au soutien indéfectible d’une chaine de télévision nationale qui se donne pour mission de montrer à la planète entière que le Marocain s’intéresse à ce qui se passe dans ce monde et qu’il se sent «très concerné», surtout lorsque ça se passe loin de chez lui.

Le Marocain, c’est cet être qui milite pour les causes des autres sans économiser son énergie, pour rappeler à l’univers qu’en dépit d’un quotidien rose et heureux, il ne peut ne pas se préoccuper des injustices que les autres subissent. Son «prestigieux» statut lui impose de soutenir la lutte de tous les malheureux de ce bas monde où qu’ils se trouvent.

Le Marocain est aussi ce bon croyant ne pouvant s’empêcher de prêcher la bonne parole un mois par an, celui du Ramadan. Rappelant aux âmes égarées la gravité de leurs péchés et le sort qui les attend si elles ne se décident pas à regagner le droit chemin avant qu’il soit trop tard. Lancer des «bonjours» à longueur de journée et réciter des prières tant que la soleil ne s’est pas couché. Mais, il est aussi celui qui, avec la fin du jeûne, est incapable de dire dans quel mois du calendrier lunaire on est.

Précher la bonne parole, mais refuser de l'entendre

Le Marocain, n’est pas que ça, détrompez-vous. Il est aussi, cet incompris qui aime son pays au point de se refuser à manifester pour dénoncer l’injustice qu’il trouve juste devant sa porte : le bidonville sur le chemin de son travail (s’il en a), les petits enfants des rues, les exclus des montagnes lointaines que la télévision publique ne montre pas, pour cause, parait-il, d’un défaut technique qui persiste depuis quelque décennies. Les gens de ces contrées ne sont pas photogéniques, chose rendant impossible leur apparition à l’écran.

En plus de tout ça, le Marocain reste, contre vents et marrées, cet être généreux qui n’hésite pas à faire passer les causes des autres devant ses propres souffrances et déboires quotidiens. Il se refuse, aussi, à «salir» l’image de son pays en montrant des choses douloureuses. Ça serait indécent de le faire. Lui qui a toujours défendu les autres, leur montrant l’exemple du citoyen du monde responsable et digne quelles que soient les circonstances, lui qui nage toujours à contre le courant sans douter de sa foi en lui.

Pour le Marocain que je suis, cet incompris qui veut être partout et qui ne se retrouve, finalement, nulle part, lui, qui n’hésite pas à soutenir les autres dans leurs combats pour la justice, mais refuse, en même temps, que ces dernier lui rappellent qu’il en est également privé ; lui, qui ne se prive pas de donner des leçons de morale mais oublie que c’est peut être lui qui en a besoin.

Le Marocain, cet incompris qui aimerait bien changer le monde…mais pas lui-même.

Visiter le site de l'auteur: http://oumada.wordpress.com/

Tribune

Hassan Oumada
Blogueur
Juste des mots en errance perpétuelle…
Merci pour cet excellent Article
Auteur : MusulmanGéo
Date : le 21 juin 2012 à 04h05
Merci Monsieur Oumada pour votre excellent article qui tout en reussissant la forme vous n'avez nullement passer outre le fond. Je crois que plusieurs commentaires dénotent qu'une partie des lecteurs ne maitrisant pas parfaitement la langue et/ou la culture de molière, s'attachent et s'arrêtent sur des éléments secondaires et n'arrivent pas à sentir la subtilité et la profondeur de l'expression par manque d'éducation de l'expression caricaturale chez la plupart de chez nous.
Encore une fois merci pour l'article.
OSEZ DIRE NON
Auteur : haj54
Date : le 20 juin 2012 à 16h31
Notre problème nous marocains est que les gens honêtes qui veulent du bien à notre pays se taisent et laissent le champ libre aux malfaiteurs et aux voleurs politiciens.

MAROCAINS HONETES OSEZ DIRE NON A CETTE BANDE DE RACAILLES ET D'OPPORTUNISTES QUI NE CESSENT DE NOUS AFFAMER ET DE NOUS SALIR.

N'ayez plus peur et exprimez-vous sans peur et avec audace.cest le tour aux honêtes marocains de réagir puisque la peur est enterrée avec l'hiver arabe...!!!???
politique et bénévolat
Auteur : abdennahi
Date : le 19 juin 2012 à 16h28
le marocain a une relation fidèle avec son drapeau national mais pour la population marocaine la méfiance est toujours de mise je crois que l’éducation joue un rôle dans cette attitude.
nous somme généreux avec l'inconnu mais sans pitié avec le voisin de palier .
on a apprit a recevoir mais très peux ont appris à donner .
nous avons pour habitude d'offrir du pain à celui qui sort du désert alors qu'il nous supplie pour un peu d'eau .
la morale de cette histoire est que seul un changement de mode vie nous ramènera vers des valeurs de partage universelle mais pour cela on doit faire abstraction du temps mais celui ci nous est trop précieux.
Dernière modification le 19/06/2012 16:30
Pas de raison de s'affoler
Auteur : aitmada
Date : le 19 juin 2012 à 13h30
Bonjour Moulay El bachir,

C'est la première fois que je répond à un commentaire sur l'un de mes articles.

Premièrement, je parlais de moi et je parle pas au nom des marocains que ça soit clair.

Deuxièmement je ne renie pas le travail des militants associatifs loin de ça, étant moi même militant associatif et je sais ce que ça veut dire.

La question que je vous pose. Sommes-nous vraiment à la hauteur du souvenirs et de la mémoire de ces figures du militantisme pour les droits de l'hommes, ces hommes et femmes qui ont péris dans les prisons et qui ont subis toutes les torture que la sauvagerie de l'esprit humain peut inventer, parce qu'ils avaient le courage de dénoncer des atrocités et des injustices au moment où la majeur parti du "peuple" faisait semblant de ne rien voir. Je pense qu'avec ce qu'on voit actuellement et malgré le travail louable du corps associatif et de la société civile ( je parle du corps libre et indépendants) nous sommes encore loin du compte. Si ces mots blessent c'est qu'il y a bien une raison à ça. Vu que vous aviez abordé vous même la souvenir des victimes des années du plombes. Dites moi je vous en pris qu'est ce qu'on a fait de leurs sacrifice, à part nous lamenter sur un passé qui péris et essayer de nous inventer un présent qui n'est pas le notre.

Bien sûr je fais dans la caricature, c'est mon but. La preuve j'ai reussi à vous faire réagir, puisqu'il y a quelque chose de dérangeant dans ce que j'ai écris. Peut être exagéré ( ce que j'ai fait volontairement) mais il y a une part de vérite la dedans.

Quand j'ai écris cela j'ai pensé à tous ces gens qui militent desesperement au quotidien ( dont beaucoup sont traités malheureusement de toutes la insultes qu'on peut imaginer, je vous laisserais imaginer lesquels), mais j'ai aussi pensé à cette majorité silencieuse qui veut rien savoir et qui préfère se concentrer sur les problèmes des autres et oublier les siens.

Chirac disait; Notre maison brûle et on regarde celle du voisin.

Mes amitiés.
Tout cela est bizarre !
Auteur : Moulay el Bachir
Date : le 19 juin 2012 à 12h51
Quelle insulte pour toutes les Marocaines et tous les Marocains !
Quelle insulte pour tous les acteurs associatifs, pour tous les syndicalistes affiliés ou non, pour tous les démcrates et militants des droits de l'homme. Quelle insulte pour tout ceux qui ont passé des années dans les geôles de la police politique. Quelle insulte pour les disparus des années de plomb. Quelle insulte enfin pour tout ceux qui se battent au quotidien pour faire avancer les choses et que notre pays ne sombre dans le chaos où sont plongés la plupart des pays arabes. M. Oumada, de grâce éviter de parler au nom des Marocaines et des Marocains qui savent très bien qui ils sont, d'où ils viennent et où ils veulent aller. Ne tombez pas dans la caricature et les clichés faciles. Si les choses étaient telles que vous les relatez cela se saurait cher monsieur.
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