Vendredi dernier à Casablanca, des membres de l’ancienne équipe dirigeante de la Comanav ainsi que des syndicalistes ont été arrêtés par la police judiciaire. Il s’agit de Taoufik Ibrahimi, ancien PDG de la Comanav, ainsi que ses ex DG et DRH. Plusieurs syndicalistes aussi ont été arrêtés pour répondre aux interrogations de la police. Parmi eux, Saïd El Hireich, secrétaire général de l’UMT Casablanca et Mohamed Chamchati, secrétaire général des marins. Pour cause, l'ouverture d'une enquête sur «les conditions dans lesquelles la Comanav, établissement publique à l’époque, est passée aux mains de la famille Abdelmoula, laquelle s’est révélée incapable d’en assurer la gestion», indique l’Economiste dans son édition de ce matin.
Pour rappel, la Comanav a été privatisée en 2007, après le rachat des participations de l’Etat par le groupe français CMA-CGM. Celui-ci scinde alors l’entreprise en deux pôles : un pôle fret et un pôle ferry. En février 2009, la Comarit rachète le pôle ferry et devient actionnaire majoritaire au sein de la Comanav.
Selon le quotidien arabophone Akhbar Al Youm, l’enquête aurait été demandée par la Cour des comptes. L’institution aurait détecté des dysfonctionnements qui datent de 2003 lorsque M. Ibrahimi était à la tête de la Comanav. Information confirmée par un membre de l’UMT, contacté par Yabiladi. Concernant les personnes arrêtées, notre source précise qu’«ils sont jusqu’à cette heure retenus par la police». Pourtant, Taoufik Ibrahimi a toujours été présenté comme l’homme des succès de la Comanav. A tel point que lorsque la Comarit (société mère) s’est retrouvée dans une situation financière catastrophique, il a été appelé en renfort par le gouvernement pour l’élaboration d’un plan de sauvetage. A plusieurs reprises aussi, il était pressenti pour prendre la direction de la Comarit, le temps de redresser le groupe.
Pourquoi les syndicalistes?
Au sein de l'UMT, personne ne veut se prononcer sur l’arrestation des anciens hauts responsables de la Comanav. Mais, l’incompréhension demeure concernant le cas des syndicalistes. «Normalement, les syndicats n’ont pas le droit d’être mêlés à la gestion des compagnies», lance confuse une de nos source à l’UMT. Contacté ce matin par Yabiladi, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine des travailleurs (UMT) était en réunion avec ses collaborateurs. L’ordre du jour portait justement sur l’arrestation des syndicalistes UMT. «Peut-être qu’une fois que la réunion sera terminée, M. Moukharik publiera un communiqué à ce sujet», suppose optimiste notre source.
Même son de cloche du côté de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). «On ne sait absolument rien. L’UMT est membre de l’ITF. Ce n’est pas un dossier facile, on attend de voir les accusations exactes de la police», indique à Yabiladi Mohamed Arachidi, chargé du dossier Comarit à l'ITF à Algésiras.
Aujourd'hui, la Comarit est carrément au bord de la faillite. Et cette action judiciaire n’est pas la première concernant les affaires du groupe. En avril dernier, de très hauts responsables de sa filiale Comanav Voyages ont fait l’objet d’une détention provisoire à la prison d’Oukacha à Casablanca pour faux et usage de faux, accès frauduleux aux systèmes d’Information, modification des données et abus de confiance.
De son côté, le ministère des Transport est resté injoignable ce matin, la police judiciaire également. Il faudra donc attendre pour avoir de plus amples précisions sur cette affaire.