Lors d’une conférence de presse visant à présenter le programme de campagne du Parti populaire (PP), la sénatrice Luz Elena Sanin a proposé que les passeports des Marocaines venant accoucher à Sebta leur soient retirés jusqu’à ce que celles-ci payent les frais de soins de santé reçus dans les hôpitaux publics espagnols, rapporte la presse locale. Selon la sénatrice, le passeport serait retiré à la femme enceinte à son entrée à Sebta et un autre document lui sera remis pour faciliter son identification durant son séjour.
Cette mesure permettrait le recouvrement de l’aide reçue par ces femmes avant leur départ de la ville, a expliqué Mme Sanin précisant que sa proposition n’est faite qu’à titre «personnel et non pas politique». En effet, de nombreuses marocaines se rendraient à Sebta pour donner naissance à leurs enfants afin de bénéficier de meilleures avantages de santé. Parce qu'il faut respecter la loi, selon Mme Sanin, il faudrait faire la différence entre les jeunes marocaines qui résident à Sebta de manière légale ou non et celles qui viennent juste accoucher.
Des sommes à économiser
La sénatrice évalue à environ 7 millions d’euros, le coût des soins de santé dont les Marocaines ont bénéficiées à la charge de l’Etat espagnol entre 2004 et 2009. C’est «une dépense qui doit être éliminée», a-t-elle affirmé. A défaut de confisquer leurs passeports pour qu’elles honorent l’administration sanitaire, Mme Sanin propose que l’on oblige les accompagnateurs de ces femmes à régler la facture.
Acte «xénophobe, illégal et scandaleux»
Dès la médiatisation de la fameuse proposition de Mme Sanin, certains politiques sont montés au créneau. Le chef de l'opposition à l'Assemblée de Sebta, Mohamed Ali, et le secrétaire de la Coopération PSOE et de l'Immigration dans la ville autonome, Miguel Angel Perez Triano, ont dénoncé un acte «xénophobe, illégal et scandaleux», selon le site espagnol Teinteresa. Pour Mohamed Ali, suite à tels propos, la sénatrice Sanin ne mérite plus de représenter la ville autonome au Parlement. Il lui demande à l’occasion de «laisser le domaine de la santé à ceux qui montrent plus de prudence».
Perez Triano quant à lui, considère que ces déclarations n’ont rien à voir avec les relations de bon voisinage qu’entretient l’Espagne avec le royaume chérifien. Lors d’une conférence de presse, il a indiqué que le parti socialiste «s'engage à chercher des solutions aux problèmes des soins de santé à ceux qui n'ont pas droit, mais seulement dans la coopération et le dialogue avec le pays voisin [le Maroc, ndlr]».