4066. Ou le nombre de Marocains tués sur la route en 2011. 4066. Soit 12 marocains morts en moyenne par jour sur les routes marocaines l’année dernière. 4066. Soit 11 milliards de dirhams qui ont volé en éclat en même temps que la vie de ces hommes et femmes, partie en fumée.
Ce chiffre à donner des sueurs froides dans le dos rappelle une chose : que le Maroc, qui peut se gargariser de progresser dans les nombreux classements publiés par la Banque Mondiale, les Nations Unies, ou autres institutions internationales férues de benchmarking, en oublie presque celui sur lequel, d’années en années, il voudrait, mais n’arrive pas, à faire marche arrière : le classement du nombre de décès liés aux accidents de la route.
Et pour cause, le pays se positionne à la 45ème place (sur 182) au classement des pays ayant les routes les plus meurtrières au monde: ainsi, sur 10 000 Marocains, 28,3 meurent en moyenne d’un accident de la route chaque année. Or, la moyenne mondiale ne s’élève qu’à 20,8 morts en moyenne pour 10 000 habitants.
L'urbanisation tous azimuts: facteurs d'aggravation des accidents de la circulation
De l’avis de nombreux experts, parmi lesquels ceux réunis en ce moment même au douzième congrès mondial de la Prévention Routière Internationale (PRI) à Marrakech, la forte urbanisation que connait le Maroc est étroitement corrélée à la hausse significative du nombre d’accidents mortels sur route enregistré par le pays ces dernières années. En effet, la construction tous azimuts qui anarchise le plan des villes du royaume se traduit par une congestion importante du milieu urbain et par un manque d’harmonisation de l’espace routier. A cela s’ajoute la signalisation inadaptée, ou l’aménagement non conforme, autant d’anomalies qui expliquent pourquoi les accidents de circulation sont aussi nombreux dans les villes marocaines.
Pour M. Azzedine Chraïbi, secrétaire permanent du CNPAC, la solution au problème de la mortalité routière au Maroc réside donc essentiellement dans une meilleure gestion de la mobilité et de la régulation du trafic urbains ; ainsi dit-il, «nous pourrons réduire le nombre de morts de 2000 par an», soit de plus de 50%. Les chiffres avancées par M. Chraïbi n'ont rien d'exagéré. Selon le rapport du PRI, 80% des accidents mortels dans le monde toucheraient les plus vulnérables (deux roues et piétons). Le Maroc et son développement urbain anarchique ne font évidemment pas exception à la règle.