Jeudi, le président français a reçu le roi Mohammed VI, en visite privée en France, au palais de l’Elysée et s’est entretenu au téléphone avec Abdelaziz Bouteflika. Deux entretiens qui ont fait l’objet de deux communiqués, diffusés presque au même moment, par présidence de la république dont la teneur est fortement identique.
Des éloges aux «réformes» et au plan d’autonomie
Concernant le Maroc, Hollande n’a pas tari d’éloges sur «le processus de réforme démocratique, économique et sociale en cours dans le royaume à l'initiative du roi». Et de souligner que «la France se tient au côté du Maroc dans la voie qu'il a choisie de modernisation économique et d'approfondissement de l'Etat de droit». Le président français a également fait part au monarque de «son attachement à l'amitié entre la France et le Maroc».
La teneur de ce communiqué de l’Elysée a le mérite de dissiper des craintes de certains milieux au Maroc qui appréhendaient un retour des socialistes au pouvoir, redoutant même un remake du scénario de 1981. Depuis le 6 mai, Paris a multiplié les gages de sa bonne volonté à l’égard du Maroc dont le plus important reste son appui au plan d’autonomie marocain au Sahara «seule proposition réaliste aujourd'hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d'une solution dans le cadre des Nations Unies», selon les propos, le 18 mai, du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Prochaine rencontre Hollande-Bouteflika à Alger
Concernant l’Algérie, un autre communiqué de l’Elysée, diffusé le jeudi, a fait état d’entretiens téléphoniques entre François Hollande et Abdelaziz Bouteflika. «Le chef de l’État a exprimé à son homologue algérien son attachement profond aux relations d’amitié franco‑algériennes». Il a fait également par «de sa volonté de développer encore les nombreux liens existant entre la France et l’Algérie et de renforcer le partenariat entre les deux pays dans tous les domaines». Une rencontre est, d’ailleurs, prévue «dans les meilleurs délais» entre les deux présidents.
La visite de Mohammed VI à Paris défriche le terrain des dernières susceptibilités à François Hollande pour réserver son premier voyage dans la région maghrébine à Alger. Lequel pourrait avoir lieu en juillet à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.L'épisode de 2007 n'aura pas lieu ni ses conséquences économiques. L'annulation du contrat d'acquisition d'avions Rafales par le royaume est en grande partie due à la tournée de Nicolas Sarkozy au Maghreb qu'avait commencé depuis Alger et non Rabat, rompant une tradition de son prédécesseur.
La Tunisie s’éloigne de Paris
Quant à la Tunisie des islamistes d’Annahda, elle s’éloigne peu à peu de la France, se rapprochant davantage des Américains et Qataris, fervents partisans de la chute du régime de Benali. Les derniers mois ont connu une succession de visites des hauts responsables du département d’Etat américain : Hillary Clinton, William Burns (son n°2) et Robert Feltman (n°3). Washington accorde une attention toute particulière à Tunis. C’est justement pour suivre et accompagner les changements dans ce pays que l’Institut républicain américain (IRI) a transféré, septembre 2011, son antenne maghrébine du Maroc à la Tunisie.