La grande surprise vient de Radio Mohammed VI du Saint Coran qui figure en tête des audiences avec 15,25 %, soit 3,737 millions d’auditeurs. Rien de surprenant quand on observe cette station : c’est une vraie radio généraliste à dominante cultuelle. Sa matinale, par exemple, fait largement la différence par la richesse, l’utilité de ses chroniques et l’intérêt de ses contenus. Nombreuses sont les ménagères qui écoutent cette radio sur la mire d’Assadissa TV.
Radio Médi1, la plus équilibrée des généralistes tant par sa grille, sa charte linguistique que par sa Playlist, se trouve en deuxième position avec 15,07 % (3,692 millions d’auditeurs). La radio tangéroise confirme sa dimension nationale et internationale par le service d’information le plus performant au Maroc riche de ses correspondants dans le Monde et d’analystes de qualité. Les éditions d’informations sont même diffusées sur plusieurs villes en France en deux langues.
La première mauvaise surprise vient de Radio 2M avec 7,17 pc (1,757 million) classée derrière Al Idaâ Al Watania avec 10,25 pc (2512 millions) et Chada FM avec 7,52 pc (1,843 million). La cinquième place peut être lue comme une contre-performance si l’on considère son ancienneté et la campagne promotionnelles à grande rotation que 2M Tv lui consacre afin de capter l'audience des stations concurrentes.
Si les chaines publiques s’en sortent assez bien, à l’exception de Chaine Inter qui diffuse exclusivement en français, les grandes déceptions viennent des radios privées dont les parts d’audience ne dépassent pas les 5 %. C’est le cas de MFM (4,96 %), Med radio (4,48 %), Cap radio (3,53 %, radio Mars (3,19 %), Radio Plus (1,98 %). Ces radios souffrent généralement des mêmes insuffisances dans la programmation et un déséquilibre criant entre les tranches d’information et celles de divertissement voire un certain amateurisme dans la mise en onde.
L’autre mauvaise surprise vient des radios qui ferment la marche comme Radio Aswat avec seulement 1,62 % des parts de marché. Des résultats qui ne peuvent qu’anticiper une profonde remise en cause des choix stratégiques et humains. Et puis il y a les débâcles très attendues. Celle de Radio Atlantic limitée par son orientation éditoriale, sa programmation musicale et choix linguistique à 1,39 % et Medina FM (0,56 %) qui a mal entamé sa marche et n’arrive toujours pas à professionnaliser ses productions.
Ces résultats seront décryptés par les communicateurs et les annonceurs afin de réajuster leurs plans médias et par les radios elles mêmes afin d’améliorer leurs parts de marché. Une telle démarche suppose une expertise adéquate et des décisions fermes notamment pour faire évoluer leur grille vers un savant dosage entre information, divertissement, expression, musique et sport.
Certes, la rareté des vrais professionnels de la radio déstabilise les positionnements mais ces médias doivent inscrire la formation initiale ou continue et la mise à niveau parmi leurs priorités.
Le monde de la radio repose sur des femmes et des hommes capables d’informer, instruire ou divertir. Il exige l’émergence de managers visionnaires, d’éditorialistes perspicaces, d’animateurs charismatiques, dynamiques et fédérateurs, de journalistes et chroniqueurs et surtout de programmateurs intuitifs et réactifs. Dans cet espoir, l’auditeur marocain, se contentera de certaines approximations et amateurismes dans l’attente d’une radio de qualité qui répond à ses aspirations et demandes et aux exigences des annonceurs.
L’étude CIRAD a été réalisée par téléphone sur un échantillon de 12.000 interviews par vague, représentatif de la population résidant au Maroc, âgée de 11 ans et plus. L’échantillon couvre toutes les zones géographiques urbaines et rurales, et toutes les variables socioprofessionnelles, avec des échantillons journaliers et hebdomadaires.
La radiométrie Maroc comprend quatre vagues (trimestre) standards par an et une spécifique pour la période de Ramadan, soit cinq vagues de mesure de l’audience sur une année et un total de 52.000 interviews. Les prochains seront plus surveillés puisque la confirmation de certaines tendances pourrait remettre en cause l’avenir même de certaines radios. En tout cas la course au regain d’audience est bien lancée.