C’est dans les années 70 que la tauromachie a totalement disparu du Maroc (cf notre article). Le roi Hassan II avait une sainte horreur de cette discipline qu’il qualifiait de boucherie et qui rappelait trop, à ces yeux, la présence des Espagnols au Maroc. Il avait ainsi ordonné la destruction des arènes de Casablanca au Boulevard d’Anfa. Pour ce qui est des arènes de la ville de Tanger, elles existent toujours mais ont été laissées à l’abandon.
Le Maroc, nouvel eldorado de la corrida
Aujourd’hui, le Conseil Régional du Tourisme de Tanger-Tétouan veut faire revivre la tauromachie et redonner vie à ces arènes. «C’est l’avenir de Tanger et le ministre du Tourisme a trouvé cette idée excellente !», lance Mustapha Boucetta, président du CRT d’un ton enthousiaste, contacté par Yabiladi ce matin. Et Mustapha Boucetta est bien déterminé à mettre sur les rails ce projet avant de quitter son poste de président du CRT dans 2 ans.
Comme le précise l’Economiste dans son édition d’aujourd’hui vendredi 11 mai, il y a bien une demande et elle provient des opérateurs touristiques espagnols eux-mêmes qui sont prêts à faire du Maroc, la nouvelle terre d’accueil de la corrida.Surtout qu’en Espagne, ce sport est contesté. Supprimé en 1991 dans les Canaries, il avait été par la suite interdit en Catalogne en 2010.
«Ce qu’on va commencer par faire est de rénover avant tout les arènes de Tanger. Il y a même des sociétés espagnoles qui ont pris contact avec nous pour les rénover et les gérer en même temps. Nous, au CRT on pense que c’est mieux de confier cette tâche à des sociétés qui s’y connaissent», poursuit Mustapha Boucetta. «Imaginez-vous ce qu’on peut faire avec ces arènes une fois rénovées. 15 000 à 20 000 Espagnols pourraient faire le déplacement au Maroc pour assister à des spectacles de corrida. Les arènes pourraient être utilisées pour organiser des concerts ou des spectacles. C’est ce qui manque vraiment à Tanger aujourd’hui. De plus, la ville est prête à recevoir ces visiteurs avec le nouveau port», ajoute-t-il. Ainsi l’idée du CRT est de créer des packs corrida qui permettront aux touristes de visiter la ville, loger dans un de ses hôtels et assister à un spectacle de corrida.
Les Espagnols grincent des dents
Néanmoins, ce projet de faire revivre la tauromachie au Maroc risque de faire grincer des dents certains. «Vous savez en Espagne déjà, il y a des voix qui se sont élevés et qui accusent le Maroc de vouloir voler son patrimoine culturel. Mais je pense que tout devra bien aller. De toute manière j’aime les polémiques ! Elles font de la bonne publicité et tout le monde va s’intéresser à la ville de Tanger !», s’exclame-t-il.
Yabiladi a également voulu savoir si le CRT ne craignait pas une poussée de colère de la part des associations de protection des animaux. «Au Maroc, avons-nous déjà des associations d’animaux dignes de ce nom qui savent protéger les animaux ?! Je les inviterai d’abord à aller jeter un coup d'oeil sur l’état de santé des chevaux qui poussent les calèches à Marrakech, d’aller voir comment on traite les ânes qui poussent les carrioles dans les rues», lâche-t-il. «Ce que nous comptons faire est qu’après chaque combat de tauromachie, nous distribuerons la viande du taureau tué à des associations caritatives», conclut-il.