Yabiladi : Vous êtes candidate au sein de la 9ème circonscription, que proposez-vous pour les 22 000 Français d’origine marocaine vivant au Maroc ?
Sihame Arbib : Dans toute la circonscription, il faut rappeler qu'il y a au total 70% des binationaux qui vivent dans ces pays. Ce chiffre a fortement augmenté ces dernières années. Mon programme porte en particulier sur 3 points. D’abord, l'éducation. Ces 5 dernières années, les frais d’inscription dans les écoles ont augmenté de 40%. Ensuite la fiscalité : le président actuel remet en question la situation des Français de l’étranger en les comparant à des exilés fiscaux. Et trois, la santé avec la couverture des Français de l’étranger. Ce sont là les 3 points que je vais développer le 21 mai prochain lors d’une conférence de presse.
Ne craignez-vous pas des critiques de la part des électeurs qui pourraient se demander comment vous avez pu passer du clan de Villepin à celui du Modem en si peu de temps, alors que vous devenez candidate sans avoir vraiment d’historique avec le Modem ? Peut-être que le Modem n’avait personne d’autre à présenter dans cette région ?
SA : Quand j’ai rejoint le Modem, j’avais pas du tout la perception de me présenter à cette circonscription. On m’en a fait la proposition. J’y ai mûrement réfléchi. J’ai consulté pas mal de Français de l’étranger car je vis moi-même depuis 5 ans à l’étranger, d'ailleurs je suis une semaine par mois au Maroc depuis quelques temps. Ma candidature est légitime dans cette circonscription en particulier. Maintenant je ne renie absolument pas mes amitiés ou le travail que j’ai fait avec de Villepin qui soutient ma candidature. Je n’ai pas de problème avec ça car je n’ai appartenu à aucun parti politique avant, ni au PS, ni à l’UMP. J’ai travaillé avec beaucoup de personnalités autant à droite qu’à gauche mais je n’ai jamais été étiquetée PS ou UMP.
Pour ceux qui connaissent votre parcours, on sait que vous avez été également proche du Parti Authenticité et Modernité. Pensez-vous qu’il y ait une cohérence dans votre parcours politique entre de Villepin, le Modem et le PAM ?
SA : Il y a quelques années, j’ai fondé un club en France qui s’appelait Compétences, synergies et initiatives, à la veille des dernières élections présidentielles. L’objectif était d’installer un dialogue entre les politiques français et marocains puisque ce club représente les binationaux de gauche comme de droite. Il s’est avéré qu’on a invité Fouad Ali El Himma qui venait de lancer son mouvement des démocrates qui n’était pas encore, à l’époque une formation politique. Il s'est donc déplacé, a pu échanger avec la communauté franco-marocaine et nous a exposé le changement au Maroc de son point de vue. Par la suite, je suis restée en contact avec lui. Il a ensuite lancé son parti politique et m’a demandé de faire parti du conseil national en tant que MRE.
Que s'est-il passé ensuite ?
SA : Au bout de 3 mois, j’ai accepté, puis j’ai démissionné parce que je ne me retrouvais pas dans cette formation politique. Maintenant est-ce qu’on peut me reprocher ça, je ne sais pas ! Je ne crois pas. J’ai essayé de faire des propositions en tant que franco-marocaine venue de l’extérieur parce que je ne représentais aucune institution. C'est vrai j’ai des amis au sein du PAM mais j'en ai aussi au sein de l’Istiqlal, du RNI. J’en ai partout.
L’une des propositions qu’a fait le parti socialiste est de donner le droit de vote aux étrangers, qu’en pense le Modem ?
SA : Le Modem approuve cette proposition. Les socialistes l’ont proposé depuis longtemps, maintenant il faut une large majorité pour que cette proposition soit validée par l’Assemblée Nationale. Et si ça ne passe pas à l’Assemblée, ce sera soumis au référendum, sachant que dans les sondages, 63% des Français sont favorables au vote des étrangers.
Au second tour le chef du parti centriste a appelé à voter à gauche. Au niveau de votre circonscription, si vous êtes élue, allez-vous opter pour l’UMP ou plutôt pour le PS ?
SA : Je ne peux pas me permettre de répondre à cette question. L’objectif est avant tout de gagner les élections législatives. Après je verrais les propositions des uns et des autres. En tout cas, à ce jour, je me vois plus en tête que Khadija Doukali (UMP) ou Pouria Amirshahi (PS), de par ma légitimité.