Menu

Grand Angle

Sebta et Melilla : Les femmes de ménage marocaines attirées par de meilleures conditions de travail

Selon un article publié sur le site de la chaine d’information saoudienne Al Arabyia News, les femmes de ménages marocaines seraient de plus en plus en nombreuses à se laisser séduire par les sirènes de l’emploi dans les enclaves espagnoles de Sebta et de Melilla. En cause: de meilleures conditions de travail de ce côté-ci de la frontière. Mais face à la croissance de cette migration du travail inter-frontière, les associations des droits de l’Homme s’inquiètent, soupçonnant d’y voir là le fait d’un trafic d’êtres humains organisé par des réseaux clandestins. 

Publié
Parmi les 609 femmes de ménages que comptent Ceuta, 599 sont marocaines (Source: El Faro Digital.es)
Temps de lecture: 3'

Depuis la ratification de lois visant à réguler le travail domestique en Espagne, le nombre de femmes de ménage marocaines à destination des enclaves espagnoles de Sebta et de Melilla n’a cessé de croître. C’est ce que rapporte un article d'Al Arabyia News.

Suite à la ratification de ce nouveau code du travail, qui leur garantit la reconnaissance de droits et de conditions de travail minimales, les femmes marocaines ont en effet été nombreuses à succomber à la tentation de franchir les corridors grillagés qui conduisent à l’intérieur des présides espagnols. Il est vrai que la perspective de meilleures conditions de travail qu’au Maroc constitue pour elles une motivation des plus fortes.

«J’ai été contacté par un agent qui m’a offert un travail pour un salaire décent et une assurance médicale» témoigne Leïla, une marocaine de 20 ans contactée par Al Arabyia et qui travaille pour une maison de retraite à Sebta. «Ici, les Marocaines ont des droits; or, ce n’est pas le cas au Maroc» renchérit-elle.

La nouvelle règlementation reconnait effectivement une pléiade de nouveaux droits aux employées de maison parmi lesquels, celui d’un salaire minimal (qui ne doit pas être inférieur au salaire interprofessionnel minimum), d’un horaire hebdomadaire maximal (de 36 heures), ou encore, l’obligation pour l’employeur de cotiser, pour chaque heure travaillée, au régime de la Sécurité sociale espagnole.

Autre droit reconnu par la règlementation : la nécessité d’impliquer désormais les deux parties (employeurs et employés) dans les négociations ayant attrait aux horaires de travail, au choix des périodes de vacances, ou encore, aux éventuelles augmentations du salaire du travailleur.

«Il y a une très grande différence entre le fait de travailler en tant que domestique en Espagne et celui de travailler pour une riche famille Marocaine» souligne Leila.

Son cas est évidemment symptomatique de bon nombre de marocaines, femmes de ménages, baby-sitters ou aides à domicile, qui choisissent de quitter le royaume pour y fuir les conditions misérables dans lesquelles elles travaillent.

Cette migration du travail : «couverture» d’un trafic d’êtres humains ?

Si les femmes de ménages marocaines voient en Sebta et Melilla l’opportunité de conditions de travail et de vie meilleures qu’au Maroc, les associations des droits de l’homme avertissent les marocaines quant aux dangers potentiels d’une immigration du travail voulue et précipitée dans les deux enclaves.

Parmi les dangers évoqués par ces associations, celui de l’existence d’un «réseau de trafic d’être humain, de mineurs notamment», est évoqué par Khaled al Sharkawi, Président du Centre des Droits de l’Homme, lorsqu’il répond à la chaine Al Arabyia.

Selon lui, ces réseaux pourraient «tromper les jeunes filles» en leur laissant miroiter la perspective de meilleures conditions de vie en Espagne. Ils leur feraient signer de faux contrats ; puis, une fois sur place, les contraindraient à se prostituer ou à exercer une profession illégale.  

L’hypothèse soulevée par Mr. Sharkawi parait d’autant plus vraisemblable que la crise économique sans précédent que traverse l’Espagne oblige les trafiquants à rechercher «des moyens faciles de se faire de l’argent».

Stopper l'immigration de ces femmes étant impossible, Mr. Sharkawi ajoute que c’est au gouvernement espagnol de prendre les dispositions nécessaires pour les protéger de la prostitution ou de l’illégalité à laquelle elles se condamnent en franchissant la frontière ibérique.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com