Maroc: Les cahiers des charges de l'audiovisuel confiés à Benabdallah

« Je veux des télévisions et des radios qui rassemblent et non pas qui divisent ». C’est avec ces mots que le souverain se serait adressé au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, rapporte le site Libération. Pour répondre à ces exigences, une Commission interministérielle a été formée avec pour mission de réaménager les cahiers des charges élaborés par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, et dont certains éléments ont créé la polémique tant au niveau des politiques, que des professionnels et de la société civile.

Ladite commission est constituée de Abdallah Baha, ministre d’Etat, Mustapha El Khalfi ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nizar Baraka ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Louafa, ministre de l’Education nationale et Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement. Elle sera présidée par Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat, un homme d’expérience dans le domaine des médias, puisqu’il a été ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement dans celui de Driss Jettou [novembre 2002 – juin 2004]. Egalement patron du PPS [Parti du Progrès et du Socialisme], il est à l’origine de la loi 07-03 sur laquelle s’est basé Mustapha El Khalfi pour élaborer ses cahiers de charges. De plus, son mandat au ministère de la Communication était caractérisé par une prise de décision en concertation avec les partenaires du secteur, contrairement à El Khalfi qui n’avait impliqué que le chef du gouvernement.

Contacté par l’Economiste, Nabil Benabdallah s’est voulu discret sur les points qui seront abordés. Mais il ne fait aucun doute que ceux qui ont fait l’objet de débat ces dernières semaines seront certainement revus, entre autres:

-Le respect du multilinguisme : la place du français à la télévision marocaine et particulièrement sur 2M.

-La publicité de la loterie que le Mustapha El Khalfi avait demandé de supprimer. D’autant plus que cette mesure avait suscité une vive réaction de la part du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzine, qui s’y était farouchement opposé.

-L’indépendance des médias par rapport aux pouvoirs politiques. Il s’agit de laisser assez de marge de manoeuvre aux responsables des chaines pour agir.

-Le volet religieux des cahiers des charges, surtout la diffusion sur 2M des appels quotidiens à la prière du vendredi. Ce point rentre plutôt dans les prérogatives du Souverain, commandeur des croyants.

Le jeudi 10 mai prochain, Nabil Benabdallah présentera le compte-rendu de sa première séance de travail de la commission qu’il préside devant le Conseil de gouvernement. Une fois les propositions de la commission validées par le gouvernement, le résultat final sera présenté au Conseil du gouvernement le jeudi 17 mai.