Dans une réponse adressée au PAM au cours d’une session parlementaire qui s’est tenue lundi 31 avril, Nabil Benabdallah, le ministre l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville a indiqué que «d’importants résultats» ont été réalisés dans le cadre de la lutte contre le logement insalubre dans la région du Grand Casablanca. «Ces efforts ont permis d'améliorer les conditions de vie de quelque 37 620 familles, soit un taux de réalisation d'environ 62%», a-t-il annoncé.
Le ministre a également ajouté que plusieurs milliers de logements sont d’ores et déjà prêts à accueillir 45 409 familles, tandis que d’autres, toujours en cours de construction, devraient être disponibles sous peu, ouvrant ainsi la porte à 23 470 nouveaux ménages.
Trop optimiste ?
Satisfait des résultats réalisés, M. Benabdellah a toutefois nuancé son propos en rappelant que la région du Grand Casablanca compte encore environ 500 bidonvilles dans lesquels s’entassent près de 111 500 familles. Il a rappelé que des problèmes liés à la désignation des bénéficiaires de logements vacants persistent et qu’ainsi, 6 837 familles attendent toujours d'être placées dans des unités déjà réalisées.
Lorsqu’il a été déployé en 2004, le projet «Ville Sans Bidonville » visait «la résorption des bidonvilles dans les villes et centres urbains [de tout le royaume, ndlr]» et basait «sa stratégie sur la ville comme unité de programmation». Pour ce faire, le projet se donnait six ans à peine (2004-2010), un délai trop court, et qui a poussé les responsables politiques à en repousser, en 2010, l’échéance de deux ans supplémentaires.
Deux ans après, on en est encore loin du compte. Pire, il semblerait même que pour la région du Grand Casablanca, le phénomène se soit aggravé ces dernières années. A Casablanca, selon le site Bladi.net, si 98 000 familles vivaient dans des bidonvilles en 2011 (soit 12% de la population casablancaise), elles sont aujourd’hui pas moins de 111 500 à habiter les bidonvilles, selon le ministre de l’Habitat. Cette augmentation de 12,1% du nombre de Casablancais vivant dans des conditions précaires serait le reflet de la crise catastrophique qui frappe le secteur du logement de la ville blanche depuis de nombreuses années.
En sus de cette crise, stopper la propagation des bidonvilles à la périphérie de la capitale économique est d’autant plus difficile que les habitants de ces quartiers ont tendance à «glisser » d’un bidonville à un autre lorsqu’ils ne sont pas relogés. Avec l’indisponibilité de nombreux logements sociaux, encore inachevés, nombre d’entre eux se voient contraints d’élire domicile dans un autre baraquement parce que celui où ils vivaient ait été détruit dans le cadre du programme «Ville Sans Bidonville».
Ainsi, tel l’Hydre de Lerne dont les têtes se démultiplier après qu’elles aient été coupées, le fléau des bidonvilles casablancais nécessite l’emploi d’une stratégie très rusée pour être totalement terrassé.