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Grand Angle

Les déchets d’Agadir produiront du bioéthanol : Une première mondiale ? [Interview]

La commune urbaine d’Agadir est actuellement en négociation avec la société ABLH pour construire, en 2013, une usine de production de bioéthanol grâce au traitement des déchets organiques issus des déchets ménagers de la ville. Edwin Sluismans, actionnaire-gérant de la société d'investissement ABLH, implantée à Casablanca et qui représente la société américaine GeneSyst explique que le projet est l’un des premiers au monde.

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Bientôt un biocarburant gadiri ? /DR
Temps de lecture: 3'

Yabiladi.com : On savait déjà produire du bioéthanol avec du maïs, mais comment faites vous pour en faire autant avec les déchets ménagers ?

Edwin Sluismans : La production de bioéthanol de deuxième génération est basée sur le cracking de la lignocellulose des plantes à fibres qui compose les déchets organiques. Pour séparer les cellules des fibres grâce à une pression et une chaleur très élevées obtenues en faisant passer les déchets organiques hachés dans un puits qui plonge très profondément dans le sol. A la sortie, sommairement, nous retirons du sucre, lequel produit de l’alcool, une fois fermenté. C’est du bioéthanol.

Cette technologie est récente, est-elle exploitée ailleurs dans le monde ?

Aujourd’hui, une soixantaine de projets de transformation des déchets organiques en bioéthanol est en cours [notamment par l’INRA, ndlr], dans les pays industrialisés. Aucun ne produit encore de bioéthanol. Nous savons que ce procédé fonctionne, c’est totalement prouvé, mais le passage à l’échelle industrielle est progressif et l’on ignore encore certain aspect de l’équation, comme le rendement précis de l’installation, car elle varie selon chaque site, en fonction de la composition des déchets organiques.

Pourquoi avez-vous choisi le Maroc ?

Le Maroc a commencé à comprendre l’importance de la gestion des déchets, mais il a opté pour l’enfouissement en décharges contrôlées. Or, au Maroc, 75% des déchets enfouis sont des déchets organiques qui produisent un gaz trois fois plus polluant que le CO2, et des liquides, les lixiviats très polluants, très coûteux et très difficile à retraiter. Si le Maroc a opté pour ce système c’est parce qu’il n’a pas les moyens, financiers, de faire autre chose. Si l’Europe incinère ses déchets ou les valorise, c’est parce qu’elle refuse de vivre les pieds dans les poubelles et qu’elle en a les moyens. Notre technologie est d’autant plus intéressante pour un pays comme le Maroc qui manque de moyens qu’elle inverse l’équation : les déchets ne sont plus un coût mais en les valorisant, ils deviennent un avantage.

Au Maroc, pourquoi avoir choisi Agadir plutôt qu’une autre ville ?

A Agadir, la volonté des dirigeants de la ville de s’engager pour un développement durable et pour une gestion des déchets efficace et écologique est réelle et non pas de façade. Agadir a également une spécificité : avoir choisi de conserver en gestion propre la collecte des déchets et elle est particulièrement bien gérée. La ville est propre. L’enfouissement des déchets, lui, est confié à une entreprise privée. C’est un créneau qui nous intéresse.

Vous dites que cette valorisation devient un avantage pour la ville. L’avez-vous mesuré ?

Il existe des gains écologiques évidents. La production de méthane et de lixiviats est quasiment réduite à néant. Les décharges, mécaniquement, voient leur durée de vie augmenter, la pression foncière diminuer. Nous embaucherions de façon régulière les trieurs qui travaillent de façon anarchiques aujourd’hui sur la décharge, ainsi que des employés qualifiés. Pour Agadir, ville touristique, le gain en termes d’image est aussi intéressant. Les communes marocaines versent 300DH par tonne, environ, aux sociétés délégataires chargée de l’enfouissement et de la collecte, avec une usine comme la nôtre, le coût pour la ville est bien moindre [le prix que paierait la ville à ABLH reste aujourd’hui confidentiel, ndlr].

Pour ABLH quel est le rapport coût/bénéfice ?

L’investissement s’élève à 70 millions d’euros et notre chiffre d’affaires a été évalué à 19,5 millions d’euros pour 30 millions de litres d’éthanol produit chaque année en traitant 75% des 250 000 tonnes de déchets ménagers d’Agadir et sa région, chaque année. Nous verserions une partie de notre chiffre d’affaires à Agadir, par le biais des impôts tout simplement.

Où vendriez-vous l’éthanol produit ?

A priori, fiscalement, il serait plus intéressant pour nous d’exporter le bioéthanol. L’Espagne, par exemple est déficitaire sur son marché national et en importe. On peut également imaginer, à la demande de la ville ou du Maroc de vendre localement de l’éthanol, s’il est mélangé dans les proportions faibles, 10%, par exemple, avec du carburant traditionnel. En forte proportion il peut être corrosif pour les pièces de voitures qui ne sont pas spécifiquement adaptées.

Votre usine a trouvé son terrain, sur l’ancienne décharge réhabilitée d’Agadir, non loin de la nouvelle décharge, mais le lancement du projet lui-même a été retardé. Quelles difficultés rencontrez-vous ?

La ville attend aujourd’hui avec bienveillance que nous trouvions les investisseurs. Cela prend du temps de trouver des «capital risqueurs». Il faut les convaincre des potentialités de cette technologie, mais dans la mesure où aucun projet n’est encore arrivé à terme dans le monde, c’est plus difficile. Or, pour qu’une exploitation industrielle de cette technologie, appliquée aux déchets ménagers, aboutissent, il faut des financements et donc des investisseurs. Nous pensons lancer la construction en 2013 et être opérationnels à pleine capacité [250 000 tonnes par an] en 2015.

start-up
Auteur : commentateur
Date : le 28 novembre 2012 à 01h56
puisque c'est une start-up l'initiative et bonne a mettre en oeuvre mais le risque et important aussi puisque surement si les communautés de souss ne support pas ce projet comme bailleur de fond .qu'elle qu'un prendre ce risque bénéfique en toute évidence, mais le faite d’exporté nui aux profits retirer de notre région et nation puisqu' il va pas être exploité ici vue la marge des coûts faibles ,alors que c'est toujours question de fric et les avantages a entirer t'elle ici la taxation , main d'oeuvre et la disponibilité des déchets organiques
tike767
Auteur : georges
Date : le 22 avril 2012 à 12h40


L'idée est bonne , mais la réalisation incertaine
suis de l'avis de l'internaute ;il faut de la rigueur
et ne pas compter sur le pognon des autres ce qui permet
de mal gérer et de se moquer de la suite ou pas du succès ou de l'echec.
Il y a assez d'argent noir au Maroc pour l'investir dans cette
activité , risqueurs payeurs , simple
comme en europe et ailleurs .
I am out
Auteur : ichiadmia
Date : le 21 avril 2012 à 17h29
Si vous etiez une entreprise Allemande (europeenne) je vous ferai confiance et je m'engage mais pour moi americain et environnement ne co-existe pas dans la meme equation. Vous le dites vous meme vous n'avez auccun control sur le rendement ni de marche bien identifier ou vous pouvez exporter. I am out
Toutefois l'initative est bonne aumoins pour le tratment de dechet.
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