La mesure est née en août dernier et vient d’Isabel Rochat, la conseillère d'Etat suisse, chargée de la sécurité et de la police. Au lieu de jouer au chat et à la souris avec les 400 délinquants maghrébins clandestins recensés dans les rues de Genève, elle veut leur proposer une somme d’argent de 4000 francs suisses, soit 37 000 dirhams, pour les inciter à retourner de manière volontaire dans leur pays d’origine, souligne La Tribune de Genève.
Mais ces personnes ne toucheront pas l’intégralité de cet argent. Un quart de cette somme leur sera versé dès qu’elles seront montées dans l’avion. Le reste sera confié à une ONG du pays d’origine pour qu’elle s’assure que ces clandestins reçoivent une formation. Les critères pour prétendre à cet argent sont vivre à Genève depuis plusieurs années, être multirécidiviste et n’avoir commis que de petits délits. Plusieurs Maghrébins ont déjà accepté cette aide.
«Une mesure raciste !»
Alors que certains politiciens suisses se demandent si cette mesure ne va pas plutôt encourager les Maghrébins à passer à l’acte pour avoir ensuite cet argent, Khalid, un Marocain naturalisé Suisse est choqué par ce Plan Maghreb. Il ne voit dans cette mesure qu’une manière de stigmatiser une communauté en particulier. «C’est une mesure raciste et discriminante envers les Maghrébins mais elle vise surtout l’Islam et les Musulmans de Suisse», lance-t-il.
Choqué certes, mais pas si surpris que cela. Cela fait 10 ans que Khalid a quitté le Maroc avec son épouse pour s’installer en Suisse. Agé de 38 ans, il est infirmier dans un hôpital. Le couple apprécie sa vie dans ce pays. Néanmoins, Khalid ne cache pas que ces 3-4 dernières années, il a ressenti une montée soudaine de l’islamophobie. «Cela remonte à l’époque de l’interdiction de la construction des minarets des mosquées en 2009. J’ai été extrêmement choqué de voir que cette interdiction ait été votée par la Suisse, un pays connu pour sa tolérance et neutralité. Moi aujourd’hui je me sens Suisse autant que les autres. Mais c’est difficile d’être Suisse musulman.», ajoute-t-il en insistant que depuis 2009 certains Suisses n’hésitent pas à exprimer haut et fort leur haine vis-à-vis des Musulmans. Il dénonce également l’utilisation de statistiques par certains politiciens pour dénombrer le nombre de Musulmans ou les procès intentés par des Suisses contre certaines mosquées qui les ont accusé de tenir des propos extrémistes.
Mais ce ne sont pas toutes ces mesures stigmatisantes à l’égard d’une communauté qui feront quitter Khalid de la Suisse. Il compte bien un jour rentrer au Maroc mais pour ses enfants, afin qu’ils apprennent l’arabe et grandissent dans une culture arabo-musulmane.