Football et tolérance : Le Maroc au pays des Van Gogh

C'est dans ce pays où a été assassiné le cinéaste Théo Van Gogh, descendant de l'autre Théo, frère du grand Vincent, qui nous a laissé une oeuvre sublime et révolutionné autant la peinture que la vie d'un peintre, exclu du giron des aristocrates et devenu riche, après sa mort.

Que de drames subis par Vincent Van Gogh, l'homme qui s'est ciselé l'oreille dans une maison close, auteur de nombreux autoportraits qui ont fasciné philosophes, psychanalystes et critiques d'art.
Van Gogh est mondialement connu et passe pour un maître de la peinture et de ce pays féerique et exotique, la Hollande, pays de grande tolérance, d'ouverture d'esprit et d'attachement aux droits de l'homme, de la femme, des enfants, des animaux et de tout ce qui est la vie.

Un descendant des Van Gogh, lui aussi artiste, mais cinéaste, pamphlétaire et provocateur, tout comme son arrière grand-père, a été assassiné et, pour notre grand malheur et l'image de notre pays, par un intégriste hollandais, d'origine marocaine.
D'origine marocaine, car le criminel, qui a égorgé Théo Van Gogh est né en Hollande et y a suivi ses études et sa formation islamiste radicale.

C'est donc dans ce pays où vont évoluer les Lionceaux de l'Atlas, à l'occasion du championnat du monde juniors, aux Pays-Bas, grande nation de football et qui a été la première à faire porter son maillot orange à des joueurs de couleur, dont le grand Gullit, Ballon d'Or et qui avait offert, à l'époque, son Trophée à Nelson Mandela, encore prisonnier à l'Ile des Phoques et qui avait mis sa réputation et son prestige de grand footballeur au service de la lutte anti-apartheid.

Il y a eu d'autres grands joueurs, dont Reejkard, entraîneur du FC Barcelone et qui, comme Cruyef avant lui, a démenti, dans la pratique, la philosophie de ceux qui, comme Guy Roux, Aimé Jacquet ou Raymond Domenech, imposent le diplôme pour l'exercice de la profession d'entraîneur.
Oui, c'est vrai et c'est évident, mais cela ne s'impose pas aux artistes que furent les Hollandais, à l'Ajax d'Amsterdam ou en Coupe du monde 78, sans oublier Rud Gullit et sa génération.

Nos juniors vont donc aller dans un pays où jouent, également des Marocains, dont Rachid Tiberkanine, qui porte le maillot du célébrissime Ajax d'Amsterdam.
Les Lionceaux vont y défendre l'image du Maroc, pays tolérant et qui, comme la Hollande, subit également les affres de l'intégrisme et a payé lourdement l'impôt du sang, imposé par des hysthériques qui trouvent dans le suicide vil et lâche, une issue à leur fantasmes fascistes.

On n'oubliera jamais le 16 mai, avec son cortège de victimes, dont feu Abdellatif Beggar, qui connaît et aime la Hollande, où il avait suivi un stage de concentration, en 1985, sous la direction de Hassan Hormatallah, avec Dolmy, Driss Accah, Fethi Jamal, Bachir, etc.
Beggar avait acheté, en Hollande des copies de tableaux d'art, dont une reproduction de Vincent Van Gogh !

La génération Fethi Jamal et Abderrahim Hamraoui viendra plus tard, pour réussir le premier sacre continental, le deuxième marocain réussi en 1989, après celui des FAR en 1985.
Fethi Jamal est, aujourd'hui, entraîneur de l'équipe nationale juniors et aura la tâche de mener les Lionceaux au championnat du monde de Hollande.

L'opération ne revêtira pas seulement un caractère sportif, mais sera également foncièrement politique, dans des stades de football où les Hollandais ont l'habitude de festoyer et de hisser le sport à son top niveau spectaculaire.
Une bonne opportunité pour faire découvrir le Maroc, aux Hollandais et de leur rappeler la solidarité de nos sportifs, pour le drame qu'a subi ce pays, après l'assassinat de feu Théo Van Gogh, cinéaste martyr de l'intolérance, au pays de la tolérance, mais dont l'exécution a été commanditée par des groupuscules fascistes et criminels, qui tuent au nom de l'Islam et qui n'épargnent personne, ni Chrétiens, ni Juifs, ni Musulmans.

La Hollande doit le savoir et il revient à notre diplomatie d'être à la hauteur de ce championnat du monde qui ne sera pas que footballistique, mais une carte pour donner une bonne image du Maroc.

On regrettera qu'au consulat de Hollande on l'ait compris, en retard malheureusement, dans le cas de l'écrivaine et poétesse Hafsa, invitée à une conférence-débat en Hollande et qu'on a fait souffrir, aussi bien pour lui octroyer un visa, pour aller dénoncer les abus dont sont victimes les femmes et, aussi, rappeler la solidarité du Maroc, avec la Hollande, après le lâche assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Que cessent les malentendus et les blocages qu'on impose aux militants de la liberté et de la tolérance et qui existent, au Maroc !

Belaïd BOUIMID
Source : Al Bayane