Le Maroc a proposé son aide au gouvernement français pour ramener la sérénité dans les banlieues. Nezha Chekrouni, ministre déléguée chargée des Marocains résidents à l'étranger a indiqué que son département était prêt "à travailler avec les ONG franco-marocaines pour un meilleur encadrement de toute cette population". Le Royaume se sent particulièrement concerné par les évènements qui agitent l'Hexagone. Il y aurait en effet en France près d'un million d'immigrés d'origine marocaine.
Malgré les appels au calme, les violences urbaines qui secouent Paris et la Province continuent de faire rage. Partout ça flambe: véhicules, édifices publics, commerces, usine…rien est épargné. La rage des jeunes des banlieues est sans limites. Par ces actes fous – et condamnables -, ce sont des années de vexations, de bavures et d'exclusion qui sont exprimées. C'est le ras-le-bol général.
Et les Français découvrent avec effarement une jeunesse prête à tout casser. Histoire de faire entendre sa voix. Une voix que les différents gouvernements qui se sont succédés depuis les années 60 ont fait taire en prônant assimilation d'abord puis intégration. Pour preuve, aucune politique n'a porté ses fruits. Les banlieues demeurent plus que jamais des espaces de sous intégration. "Celui qui a mis le feu aux poudres, c'est Nicolas Sarkozy", lançait furieux un jeune cagoulé aux caméras de télévision venues filmer une école en flammes. Le 27 octobre dernier, en effet, le ministre de l'Intérieur a eu le tort de parler de "racaille" après la mort de deux jeunes morts par électrocution à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
De fait, le drame a servi de détonateur aux émeutes. Malgré les appels au calme et les signes de fermeté affichée par le gouvernement, la tension ne baisse pas. Les incendiaires continuent leur travail de destruction. Le mouvement de colère fait tache d'huile. Le cœur de Paris a été touché ainsi que de nombreuses villes de province. Les heurts avec les forces de l'ordre se multiplient. "C'est notre mai 68", disent les émeutiers. La révolte des banlieues était inévitable.
"Un jour ou l'autre, cela aurait craqué", indique un responsable associatif. La France est en train de payer 40 ans de mauvaise politique de logement et de non intégration économique. Les banlieues sont par excellence des lieux de ségrégation socio-économique. L'égalité des chances est une chimère pour la majorité des enfants issus des quartiers périphériques, taxés d'office du triple délit de faciès, d'adresse et de nom. L'Europe entière, et notamment les nouveaux pays d'immigration – Espagne et Italie -, suit avec inquiétude les événements. Certains observateurs craignent que le phénomène ne franchisse les frontières de l'Hexagone. Le gouvernement de Dominique de Villepin est sur le qui-vive. Il ne s'agit plus de colmater les brèves et seulement obtenir une trêve rapide. Mais de mettre enfin une politique qui sache user avec efficacité du cocktail "prévention, répression et insertion". Le pays des droits de l'Homme doit prouver que les mots "Liberté, égalité et fraternité" ne sont pas qu'une vaine devise.
Source: L'Economiste