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Le Maroc dénonce le rapport «tendancieux» d'Amnesty

Le Maroc dénonce le rapport «tendancieux» d'Amnesty sur les clandestins

Nabil Benabdallah, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a qualifié de «tendancieux » le rapport d'Amnesty International rendu public mercredi dernier lors d'une conférence de presse tenue à Madrid. «Nous nous inscrivons en faux contre ces affirmations. (…) Nous aimerions avoir des preuves palpables de ces affirmations», a répondu Nabil Benabdallah dans une déclaration accordée à l'Associated Press. «Le traitement global a été un traitement soucieux des droits des migrants et des droits de l'Homme, même si des erreurs ont été commises ça et là», a-t-il ajouté.

Le rapport d'Amnesty International met directement en cause le Maroc, l'Algérie et l'Espagne. «Le traitement tragique, illégal et inhumain des émigrants de la part du Maroc, de l'Algérie et de l'Espagne doit cesser », a averti Javier Zuniga, chef de la mission d'enquête, accusant ces gouvernements de faire la « politique de l'autruche».

Fruit d'une mission menée pendant dix jours dans les deux enclaves occupées de Sebta et Mellilia et dans les villes de Nador, d'Oujda et de Tanger où vivaient cachés des milliers d'immigrés clandestins en provenance d'Afrique subsaharienne, ce rapport a constaté que «les forces de sécurité avaient eu recours à une force illégale et disproportionnée, en utilisant notamment des balles réelles ». Amnesty a souligné que «lors du dernier épisode en date, le plus grave, dans la nuit du 28 au 29 septembre, cinq hommes d'origine subsaharienne sont morts et plusieurs autres ont été grièvement blessés : plusieurs centaines de personnes tentaient alors de pénétrer sur le territoire espagnol en escaladant deux clôtures de barbelés qui séparent Ceuta du territoire marocain et se sont trouvées face à des agents des forces de l'ordre des deux pays. Selon certaines sources, deux corps ont été retrouvés du côté espagnol de la clôture, et les trois autres du côté marocain. Bien que les cinq victimes aient, semble-t-il, été blessées par balle, on ignore encore quel type de munition a été utilisé».

Sur la mort de 11 clandestins lors de deux assauts massifs lancés contre les enclaves occupées de Sebta et Mellilia le 29 septembre et le 6 octobre derniers, Amnesty International a donc réclamé à l'Espagne et au Maroc des enquêtes indépendantes. Apparemment, les faits rapportés dans un rapport émanant du ministère de l'Intérieur, n'ont pas convaincu les responsables de l'organisation humanitaire. Selon ce rapport, six personnes ont trouvé la mort dont quatre suite à des tirs rasants provenant des forces de sécurité marocaines, les deux autres étant décédées suite à des chocs hémorragiques dus à des plaies multiples.

La même source souligne que la violence particulière ayant caractérisé les assauts massifs et inhabituels dans la nuit du 5 au 6 octobre 2005 dans le lieu appelé " Rostro Gordo ", dans la province de Nador, a pris de court des membres des forces de sécurité, au nombre de quinze au moment des faits, répartis entre trois postes de surveillance, ne disposant ni de miradors, ni d'équipements spécialisés pour faire face à des assauts de cette amplitude. "Ils ont fait face à plusieurs vagues de violence de groupes de migrants illégaux dont certains étaient armés de machettes, gourdins et autres armes blanches ", ajoute le rapport. Et de poursuivre : "Malgré les tirs de sommation, les assaillants ont forcé le dispositif de garde obligeant les sentinelles marocaines à faire usage de leurs armes, en situation de légitime défense".

Par ailleurs, l'organisation de défense des droits de l'Homme a évoqué, ce qu'elle a qualifié dans son rapport, des "preuves fiables" de violations des droits des migrants et un "contexte d'impunité" dans les zones des frontières. Qu'il s'agisse de l'Espagne ou du Maroc, " dans les zones des frontières, l'Etat de droit semble ne pas exister ", a dénoncé M. Zuniga. " Beaucoup des migrants arrêtés auraient été emmenés en bus loin de ces enclaves et abandonnés avec peu ou pas d'eau ni de nourriture aux frontières avec l'Algérie et la Mauritanie.

Certains en seraient morts ", a affirmé Amnesty International. Elle a également noté : " Emmener ainsi des gens dans le désert sans eau ni nourriture est une violation extrêmement grave des droits humains. L'accès à la nourriture, à l'eau et aux soins médicaux sont des droits fondamentaux dont chacun devrait pouvoir jouir à tout instant, quelles que soient sa nationalité ou la légalité de sa présence dans un pays ".

Pour le ministre de l'Intérieur, Mostapha Sahel, "le rapatriement de nos frères africains s'est fait dans la dignité, en accord avec les gouvernements concernés et les personnes concernées elles-mêmes".

Source: Le Matin

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