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Affaire Aït Sirahal : Un commissaire au dessus des lois

Alors que le Maroc se démocratise et que des signes positifs nous amènent à avoir confiance en notre pays, d’anciennes pratiques subsistent et notre justice en fait souvent les frais.

Le 25 Juillet 2002, Mohamed Aït Sirahal, un marocain vivant à Paris profitait de ses derniers jours de vacances à Marrakech avant le retour. La veille avant de prendre l'avion, une altercation survient avec une personne dans un café. La police intervient et arrête M. Aït Sirahal et son agresseur. Conduit au commissariat, M. Aït Sirahal est maintenu en détention alors que le second est relâché puisque ce dernier aurait des liens avec des notables de la ville.

Le drame reste pourtant à venir. La femme de Mohamed se rend rapidement au commissariat dès qu'elle eut apprit la triste nouvelle. Essayant de parlementer avec les policiers, elle entend les coups des policiers suivis des hurlements de son mari. Faisant le tour du commissariat pour trouver un moyen de voir son mari, elle assiste au drame qui va conduire à la mort de son époux. Le commissaire Mohamed Kharbouch, secondé d'un policier éclate la tête du détenu sur le mur du commissariat. Ils le laisseront gisant là, derrière le commissariat sans soin, ni secours. Mme Aït Sirahal affolée réussi à alerter une ambulance et à conduire son mari à l'hôpital le plus proche. Mais Monsieur AIT SIRAHAL Mohammed décèdera à l’hôpital IBN ZOUHR quelques heures après avoir subi les tortures au commissariat.

Commence alors la bataille judiciaire contre des moulins à vent. La vie de la famille Aït Sirahal détruite par cette perte tragique, n'imagine pas encore le long combat pour la justice qu'elle va engager. Depuis ce jour, Mme Aït Sirahal ne ménagera aucun effort (physique et financier) pour que le commissaire Kharbouch soit jugé. C'est sans compter sur la lourdeur de la justice marocaine, les relations entre le commissaire et certains hommes de pouvoir locaux, et la corruption qui gangrène la ville. L'abnégation et le courage de Mme Aït Sirahal et de ses enfants, Achraf et Fahd, leur permettront de ne jamais lâcher prise contre cette impunité dont joui ce commissaire. Les pressions de la famille, des associations et une timide médiatisation, ont joué un grand rôle dans ce jugement. En Mars 2005, M. Kharbouch sera ainsi condamné par le tribunal à 10 ans de prison ferme.

Justice est enfin rendue ? Pas complètement. Le commissaire bien qu'ayant été reconnu comme l'assassin de Mohamed Aït Sirahal, ne sera jamais incarcéré. Mieux, il aura la largesse de garder ses fonctions de commissaire comme si de rien n'était. Il fait appel du jugement, la bataille d'usure peut commencer. Mme Aït Sirahal ayant déjà dépensé une part considérable de ses faibles économies de gardienne d'immeuble en frais d'avocat, a du mal à suivre financièrement (Plus de 40 000 euros dépensés depuis le début de l’affaire). Pourtant elle résiste et se prête au jeu malsain de la justice qui pour mieux ruiner cette femme lui adresse des convocations au tribunal de Marrakech régulièrement sans que jugement ne soit rendu. "Audience reportée !"

L'affaire reportée maintes et maintes fois, est à l'avantage du commissaire meurtrier. Il continue de profiter de son salaire payé par les citoyens, et de son statut avantageux de commissaire. Ainsi un assassin reconnu par le tribunal pénal coure toujours dans les rues de Marrakech. Mieux, il occupe les fonctions de commissaire, censé protéger les citoyens marocains contre des gens… comme lui.
Il se permet même de narguer la justice, l'Etat, le peuple marocain en ne se présentant jamais aux convocations du tribunal.

La dernière audience qui devait se dérouler le 01 Juillet 2005 a été reportée au 16 Septembre 2005. La famille Aït Sirahal verra-t-elle enfin se jouer l'épilogue de son calvaire de plus de 3 ans ?
Espérons le car c'est l'intégrité de la justice marocaine qui est en jeu. La justice n'est elle pas le fondement d'un Etat de droit ?
Le sort de cette famille face à ce commissaire n'est pas seulement une banale affaire de droit commun. Elle est emblématique du désir de justice de la part de tous les concitoyens marocains vivant au Maroc où à l'étranger.
Les autorités marocaines s’ingénient à donner une image positive du pays à ces 3 millions de marocains résidant à l'étranger. Le dénouement de cette affaire nous renseignera sur la sincérité des discours de nos gouvernants.
Que justice soit faite, et que le deuil de cette famille puisse enfin se faire.

Flash : Nous venons d’apprendre que Maître Jamaï est venu préter main forte à l'avocat de Zoubida Aït Sirahal.

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• Mort d'un MRE dans un commissariat... au Maroc
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Mohamed - Yabiladi.com

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