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Année record en naufrages de pateras

Près de 300 clandestins sont morts noyés en 2004.

C’est sans doute le bilan le plus tragique de ces huit dernières années. En effet, et selon l’ONG andalouse, Association Proderechos humanos, en 2004, au moins 290 candidats à l’émigration clandestine ont trouvé la mort, noyés dans les eaux qui séparent le Maroc de l’Espagne. 150 d’entre eux ont péri peu de temps après avoir quitté les côtes marocaines, sous l’emprise de la panique générale et mais aussi par manque de moyens de sauvetage.

Toutefois, souligne le président de l’Association Rafael Lara, qui était en visite, samedi, à Tanger à la tête d’une délégation de plus d’une douzaine de militant des droits de l’Homme andalous, ces chiffres ne concernent que le nombre de morts constatés. Le nombre de noyés dans les frontières maritimes des deux pays peut, en effet, atteindre facilement le chiffre de 500 à 600, si l’on comptabilise tous les “sans papiers” portés disparus, ajoute-t-il. Ce même responsable constate que le nombre de victimes englouties par les eaux territoriales des deux pays, est une conséquence directe de la croissance du trafic de l’émigration clandestine dans les zones à risques.

Un “Rapport sur l’émigration clandestine pendant l’année 2004”, élaboré par l’Association, rendu public récemment, démontre, par ailleurs, “l’inefficacité” du système espagnol de surveillance électronique des frontières maritimes. Le seul objectif que le SIVE a pu réaliser, explique Rafael Lara, est de “transformer le Détroit en un cimetière”.

Globalement, le flux des émigrés clandestins vers l’Espagne a chuté, la même année, de près de 18%. Le nombre d’expulsions du territoire espagnol parmi les immigrés illégaux a également baissé.

Selon le président de l’ONG andalouse qui cite des chiffres fournis par la Guardia Civil, les autorités espagnoles ont intercepté, en 2004, au moins 21.000 candidats à l’émigration clandestine via les côtes péninsulaires et des îles Canaries. Pendant la même année, quelque 50.000 personnes ont été reconduites aux frontières du préside occupé de Mellilia et autant à celles de Sebta.

Le nombre de reconductions aux frontières, qui concerne essentiellement les Marocains qui ont tenté de s’introduire illégalement en Espagne, a également baissé, passant de 13.684 en 2003 à 12.449 l’année dernière. Selon le président de l’ONG andalouse, les chiffres du ministère de l’Intérieur de son pays indiquent que l’Espagne a conduit aux frontières au moins 102.000 individus.

En outre, et aux dires des responsables du département de l’Intérieur espagnol, cités par la presse ibérique, les baisses de l’affluence des émigrés clandestins sur l’Espagne constatée dernièrement sont en partie dues à une amélioration de la collaboration marocaine à l’effort de lutte contre l’émigration clandestine. Rafael Lara, qui était invité par le Réseau des associations du Nord du Maroc pour le développement et la solidarité, souligne, en ce sens, qu’il existe au Maroc au moins cinq grands camps de concentrations des clandestins d’origine subsaharienne. Ces camps sont concentrés près des villes d’Oujda, Nador, Laâyoune, Dakhla et la localité de Belyounech, près de Sebta. Des milliers de personnes vivent dans ces camps, explique le responsable associatif espagnol, dans des conditions inhumaines.

Selon ce même responsable, l’Union européenne est actuellement en train d’adopter une nouvelle approche en matière d’émigration. Elle tente de déplacer les frontières de l’Europe, de l’Espagne vers le Maroc. Et le Maroc, affirme-t-il, est en train d’assurer son rôle et de se positionne en tant que frontières de l’Europe même s’il n’en est pas membre.

La coopération maroco-espagnole en le domaine s’est, rappelons-le, accrue sensiblement ces derniers mois avec la mise en place de patrouilles mixtes formées de gendarmes marocains et des éléments de la Guardia Civil espagnole. Le champ d’activité de ces patrouilles englobe aussi bien la mer que la terre ferme et l’espace aérien, explique-t-on auprès des services espagnols concernés. Leur mission sera, au début, de collecter le maximum d’informations leur permettant de mieux connaître leur zone d’intervention et les points d’entrée des clandestins en Espagne et ceux de leur départ sur les côtes marocaines.

Par ailleurs, il est à rappeler que le secrétaire d’Etat espagnol à l’émigration et l’extranéité, Consuelo Rumí, a annoncé dernièrement que son gouvernement a l’intention d’adresser une requête à l’Union européenne pour financier la mise en place d’un système électronique de surveillance des frontières similaire au SIVE espagnol au Maroc. Le système en question prévoit l’installation de radars, caméras thermiques et autres dispositifs électroniques sophistiqués le long des côtes marocaines.

Tahar Abou El Farah
Source : Libération Maroc

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